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L'Édito

Le futur, avant, pendant et après.

L'Édito

Le futur, avant, pendant et après.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Quel rapport voyez-vous entre la connaissance exacte et la création de l’imaginaire ? On dirait un sujet du bac. La science fiction est un mot valise, rapprochement de deux signifiants qui donnent un nouveau signifié. La science fiction (SF pour les intimes) est un genre littéraire du XIXe auquel le cinéma a donné, en l’adaptant, de nouvelles lettres de noblesse. Elle est aussi l’un des objets d’étude d’Eric Dufour, professeur de philosophie à l’Université de Grenoble, et auteur de l’ouvrage Le cinéma de science-fiction aux Éditions Armand Colin, dont nous accompagnons la sortie par un festival SF. Autre invité de la semaine, un génial conteur qui, par ses scénarios (avec Buñuel par exemple), ses écrits (Conversations sur l’Invisible) ou son théâtre (le Mahabharata), a souvent construit des ponts entre la connaissance et la création. Jean-Claude Carrière viendra samedi nous faire part de sa science de l’imaginaire. Il vous accueillera à partir de 17h au Grand Bar et pourra vous dédicacer affiches et DVD de la Piscine, film de Jacques Deray dont il a cosigné le scénario, qu’il nous présentera à 18h.

Il serait bien réducteur de ne voir la science fiction que comme une batterie d’effets spéciaux mettant en scène un futur d’opérette menacé par l’Empire. La SF est d’abord un regard porté sur le monde et la société – ses peurs, ses doutes et ses fantasmes. Elle ne se contente pas de lorgner vers ce qui pourrait arriver, mais aussi sur ce qui aurait pu arriver. Le livre d’Eric Dufour aborde toutes les facettes de ce genre riche et dense, auquel notre programme donne un écho, parfois inattendu. La semaine débute par la fin du monde, vue par Ranald MacDougall. Dans un futur post-apocalyptique, il filme Harry Bellafonte hanter la ville déserte de Le Monde, la Chair, le Diable. Suivront les Damnés, film fantastique et rare de Joseph Losey, et l’encore plus rare Phase IV, chef d’œuvre fourmilier de Saul Bass, le plus grand graphiste réalisateur de génériques de l’histoire du cinéma. La séance de vendredi 20h sera présentée par Eric Dufour lui-même, et suivie d’une signature-cocktail. Eric reviendra nous visiter samedi à 20h30, avant la projection d’Inglourious Basterds, fantaisie anti-nazi de Tarantino (qui est un film de SF, Eric nous expliquera pourquoi), et dimanche, pour introduire H2G2, où la SF montre qu’elle peut être drôle en suivant un voyage en autostop dans l’univers. Adapté d’une série radiophonique à succès, ce film délirant de 2005 est signé Gath Jennings. Deux autres voyages, virtuels et cérébraux, concluront notre semaine cinématographie dans le futur, à venir ou antérieur. Strange Days, de Kathryn Bigelow (signalons pour dénoncer le machisme ambiant qu’elle est, à ce jour, la seule réalisatrice oscarisée) et Existenz, de David Cronenberg, explorent tout deux les méandres, les limites et les promesses de notre pauvre cerveau.

Au programme également, les films nocturnes de nos précédentes semaines poursuivent leur carrière. La Nuit du Chasseur, mauvais rêve éveillé, angoissant et baroque, de Charles Laughton, et nuit parisienne, délicieuse rêverie, nostalgique et romantique, de Woody Allen. Si vous n’avez pas encore vu son Midnight in Paris, dépêchez-vous. Il fait partie des Allen que l’on regrette d’avoir ratés.
Terminons avec notre traditionnelle séance de l’Enfance de l’Art. Ce sera ce dimanche à 14h une histoire de danse : Les Chaussons Rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action