Le cinéma, un amour.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Notre amour du cinéma s’exprime de multiples façons. Par la découverte de films venus d’ailleurs – grâce par exemple à Ici Vietnam Festival, aux Rendez-vous du cinéma grec et au GrecDoc – ou par les séances-débats des Ciné-clubs, comme celui consacré au décor qui nous présente Les Sentiments de Noémie Lvovsky. D’autres nous proposent des avant-premières, il y a trois cette semaine : Flow de Gints Zilbalodis, Trois amies, d’Emmanuel Mouret et Coconut Head Generation, d’Alain Kassanda. Aimer le cinéma, et le faire aimer, c’est aussi choisir une programmation exigeante, mariant exclusivités et répertoire. Un Amor, le beau et étrange film d’amour d’Isabel Coixet, et La Noire de…, drame d’Ousmane Sembène opportunément réédité, représentent ces deux tendances. Ils sont les vedettes de la semaine, mais commençons avec les événements par ordre chronologique.
Jeudi à 20h, les professionnels du son à l’image se retrouvent pour leur Ciné-club AFSI et nous régalent avec l’avant-première de Flow, beau film d’animation félin. Gurwal Coîc Gallas et Philippe Charbonnel, respectivement monteur son et mixeur du film, nous raconteront les secrets sonores de ce chat qui n’avait pas peur de l’eau.
Le lendemain à la même heure, nous partirons vers Les Abysses. Les Rendez-vous du cinéma grec ont en effet choisi ce drame social de 1963, où Nico Papatakis racontait une rébellion ancillaire.
Samedi et Dimanche, Ici Vietnam Festival nous entraîne à la découverte du jeune cinéma local grâce à quatre séances de courts-métrages suivies de débat avec les équipes des films. Dimanche aussi, mais à midi, le GrecDoc propose un exotisme plus proche avec L’Itinéraire, où Orestis Athanasopoulos-Antoniou évoque la crise de son pays à travers un bus de livraison. Nous aurons le plaisir de débattre avec Orestis après la projection. Dimanche encore, à 18h30 cette fois, ce sera la séance Du décor à l’écran, avec la rencontre de Françoise Dupertuis, cheffe décoratrice, et Jean-Marc Fabre, directeur de la photographie du film Les Sentiments projeté en 35mm.
On enchaîne lundi à 19h30 avec le Ciné-club Les Producteurs s’affichent. Nous sommes très heureux de recevoir Frédéric Niedermayer qui nous fait l’honneur de nous montrer en avant-première le dernier film d’Emmanuel Mouret, Trois amies, qui ouvrit la Mostra de Venise. Merci Frédéric et ravis de vous avoir.
Mardi à 19h30, le Ciné-club Louis Lumière clôturera la semaine des événements avec une autre avant-première, celle de Coconut Head Generation, où Alain Kassanda suit un groupe d’étudiants cinéphiles nigérians qui profitent d’un ciné-club pour lancer des débats de société. Le réalisateur sera avec nous pour rappeler que, au fil des discussions, cette jeunesse que l’on dit à la « tête dure et vide comme une noix de coco » invente le Nigéria et le monde de demain. Ce passionnant documentaire sortira au Grand Action le 23 octobre.
Les vautours tournoient au-dessus de la tête de Nat, jeune interprète d’un dialecte africain qui cherche à oublier les malheurs des autres et ses propres tourments dans un petit village perdu des Pyrénées espagnoles. Mais d’autres vautours tournicotent aussi autour de cette recluse, et tous n’ont pas la lointaine indifférence des rapaces ailés. La vétuste bicoque qu’elle loue occasionne des rencontres, pas toujours bienveillantes, mais qui vont la surprendre… Avec Un Amor, Isabel Coixet nous fait doucement entrer dans l’univers de Nat et filme avec une élégance sensuelle la délicatesse des ours, et même des chiens. Mais la sauvagerie n’est jamais loin de la tendresse. Laia Costa et Hovik Keuchkerian forment un couple non conventionnel auquel la réalisatrice fait jouer une partition inattendue et sensible. Un Amor est une véritable découverte, dans une tonalité très particulière.
On pourrait adopter le même qualificatif pour La Noire de… tant le film d’Ousmane Sembène, Prix Jean-Vigo 1966, impose son récit avec originalité. Il y a comme une distance dans l’histoire Diouana, jeune Sénégalaise qui vient chercher un travail en France. La désillusion sera grande, entre racisme décomplexé des années 60 et ordinaire mépris de classe. Une fiction presque documentaire, avec le ressenti du cœur, que nous sommes très fiers de ressortir en salle et que la critique Catherine Ruelle nous présentera samedi à 20h45.
Guère de place pour vous dire que tous nos autres films s’affichent plus bas, et que l’Enfance de l’Art de mercredi 14h30 tente encore de lever Le Mystère du lapin-garou dans l’univers Wallace et Gromit.
Amoureuse semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action