L’amour, toujours l’amour.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
L’amour est sans aucun doute le plus grand sujet de cinéma (et de littérature, et de peinture, et même de toute la vie). Et lorsqu’il est fou, il prend une dimension que le grand écran restitue dans toute sa splendeur. C’est sans doute pour cela que l’amour fou est le thème du quatrième album de cinéma de la collection d’Armand Colin, et que le Grand Action s’associe au lancement du livre. Ainsi, toute notre programmation de la semaine sera consacrée à l’Amour Fou, avec deux grands rendez-vous.
Samedi 13 février, à 18h, soirée Saint-Valentin, avec les Editions Armand Colin qui organisent un cocktail après la projection de Love Story, d’Arthur Hiller, qui ressort sur copie neuve. Notre ami Eric Dufour, professeur de philosophie et grand cinéphile, viendra introduire le film.
Mardi à 19h, ce sera au tour de Giusy Pisano, auteur de l’ouvrage sur l’Amour Fou, de venir présenter son livre lors de la projection de la Roue, d’Abel Gance. Egalement auteur de l’Archéologie du Cinéma Sonore (Editions CNRS), Giusy Pisano est Maître de conférence à Lille, spécialiste de l’histoire et de l’esthétique du cinéma.
Tout le monde connaît la musique de Love Story, composée par Francis Lai. Ce fût en France le tube de l’été 1971, chanté par l’impérissable Mireille Mathieu. L’histoire elle aussi est connue : un garçon aime une fille qui n’est pas de son milieu. Tant pis, il renonce au milieu pour la fille. Du best seller d’Erich Segal, décédé en janvier dernier, Arthur Hiller a tirer un modèle de mélodrame moderne, lauréat de 6 Oscars. Ali MacGraw et Ryan O’Neal, dans un registre très différent que What’s up Doc que nous projetâmes récemment, ont fait rêver et pleurer toute une génération. Même si, évidemment, les codes ont un peu changé en 40 ans, la force émotionnelle du film est toujours là, et des larmes devraient encore couler devant la copie neuve de Love Story.
Si Love Story est un incontournable du film d’amour, le sujet est au cœur (si l’on peut dire) de bien des films. Il ne fut donc pas aisé de faire un choix, et nous optâmes pour l’éclectisme dans l’approche de l’amour. Ainsi, nous passerons de Sérénade à Trois, merveilleuse comédie romantique d’Ernst Lubitsch, à un drame passionné et expressionniste de Murnau : L’Aurore. De l’aurore, nous enchaînerons vers l’aube de la Nouvelle Vague avec Les Amants, où Louis Malle filme Jeanne Moreau avec une telle sensualité que François Truffaut dira de l’un des plans du film qu’il s’agit « de la première nuit d’amour au cinéma ». Samedi, Le Dernier Tango à Paris sera plus hard mais cinématographiquement incontournable. Bertolucci enferme Marie Schneider et Marlon Brando dans un huis clos érotique. Retour au romantisme tragique dimanche, avec les Roméo et Juliette New Yorkais de West Side Story, magistralement dirigés par Robert Wise. Lundi, nous retrouverons les Amants Diaboliques, de Visconti. Ce film, précurseur du néo-réalisme et réalisé en 1942, fut censuré par les autorités fascistes, mais Visconti parvint à sauver les négatifs. La semaine se terminera en beauté mardi, avec La Roue, « tragédie des temps modernes », réalisée en 1922 par Abel Gance, l’un des grands maîtres du cinéma français, injustement oublié. Guisy Pisano présentera la séance de 19h de ce film dont Jean Epstein disait : ce n’est pas uniquement à cause de l’extraordinaire potentiel dramatique et poétique de certaines de ses images, que La Roue doit être considérée comme l’œuvre capitale, non seulement d’Abel Gance mais de toute une époque créatrice.
Finissons ce courrier hebdomadaire avec notre traditionnelle séance de l’Enfance de l’Art : mercredi à 14h, le Magicien d’Oz, de Victor Fleming, nous entrainera sur le chemin de briques jaunes. La semaine prochaine, Sidney Lumet reprendra du service, avec notamment Douze Hommes en Colère puis, le 24, il laissera sa place à Shutter Island, le nouveau Martin Scorsese.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action