L’Amer’X.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Non, il ne s’agit pas d’un nouvel album d’Astérix, mais de l’annonce du cycle Un été classé X qui décrypte les nombreuses références cinématographiques de la Trilogie X de Ti West, une série horrifique tenue à bout de bras (et de pas mal d’autres choses) par Mia Goth. Ces X vont occuper les trois semaines à venir – avec nos autres récents succès évoqués en fin de lettre – et seront rejoints, le 21 août, par Le Soldat Bleu. Dans ce western contestataire des années 70, Ralph Nelson dut couper quelques scènes où la sublime Candice Bergen était un peu trop dénudée pour échapper au classement « X » !
Grand cinéphile et fan de genre – notamment de l’horreur – Ti West a réalisé son premier long métrage à 25 ans pour 50 000 $, puis a enchaîné, tenant tant à sa liberté (écriture, production, réalisation, montage) que certains de ses films sortirent directement en vidéo. Ce fut d’ailleurs le cas en 2023 pour Pearl, le second volet de la trilogie X, une préquelle sanglante de X, le premier opus qui évoquait un tournage porno tournant au carnage. La sortie de Maxxxine, le final du trio, assez généreusement produit et en salle depuis la semaine dernière, donne au distributeur Condor l’occasion de proposer l’intégrale sur nos écrans, où l’on admirera la plastique et les multiples talents de Mia Goth, héroïne de chaque épisode. Après avoir joué à la fois Maxine et Pearl dans X, nous revivons avec elle la jeunesse de Pearl, et la retrouvons en jeune actrice dévorée d’ambition dans Maxxxine, alors qu’un tueur en série sévit dans le Los Angeles des années 80, astucieusement reconstitué. Outre l’hémoglobine et Mia, le point commun de cette trilogie X est la quantité de références cinématographiques qu’y place Ti West. De quoi nous inspirer l’idée d’un nouveau cycle : Un été classé X, avec quelques inspirants classiques. Évidemment, X fait penser à l’effroyable Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper, tandis que, dans Pearl, on voit d’étonnantes références au Magicien d’Oz, de Victor Fleming, et à Psychose. Ce même chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock est clairement cité dans MaXXXine, tout comme Pulsions et Body Double de Brian De Palma. Le contexte de ce film (sexe et violence des 80’s) appelle aussi d’autres influences typiques, tels Cruising, de William Friedkin, Hardcore, de Paul Schrader, et Foxes (Ça plane les filles !) d’Adrian Lyne. Petit rappel, la trilogie X et certains films du cycle Un été classé X ne sont pas à mettre devant tous les yeux et certains imposent des restrictions d’âge.
A la fin des années 60, alors que montait la contestation et que la jeunesse américaine s’insurgeait contre la guerre du Vietnam, émergeait le nouvel Hollywood, qui allait casser les codes de l’ancien. Sans s’inscrire vraiment dans ce courant (Scorsese, Coppola, De Palma, Spielberg…), Ralph Nelson adhère à certaines de ses valeurs, tel l’antiracisme. En 1970, la même année que le célèbre Little Big Man d’Arthur Penn, il réalise lui aussi un western « différent », bien éloigné de ceux de Ford et Wayne (qu’on aime par ailleurs beaucoup). Le Soldat Bleu est le seul rescapé de son unité décimée par une attaque Cheyenne. Il retrouve une autre survivante, Cresta, une jeune femme blanche qui vécut avec les Indiens. Lors du long périple qu’ils vont devoir accomplir pour sauver leur peau, elle va initier et déniaiser le jeune Soldier Blue. Ce titre original, qui signifie « bleusaille », s’oppose au surnom des cavaliers US, appelés « Blue Soldiers » (Tuniques bleus en français). Si les deux miraculés vont vivre plein d’aventures et une belle histoire d’amour (un peu osée pour l’époque), ils vont aussi être témoin de l’inhumanité des guerres, anciennes ou contemporaines. L’effroyable massacre d’Indiens à Sand Creek fait clairement écho à celui de My Lai, où l’US Army assassina des familles vietnamiennes désarmées en 1968. Western politique et pacifiste, Soldier Blue vaut pour son récit moral, pour la beauté de ses décors, pour la sublime assurance de Candice Bergen, pour la jolie naïveté de Peter Strauss, et pour son esthétique hippie.
Avant que n’arrive ce Soldier Blue (le 21 août), vous aurez le temps de ne pas rater nos films de cet été, et notamment Eat the Night. La noire tonalité de ce thriller, où un frère et une sœur se retrouvent dans un jeu en ligne et s’éloignent dans la vie, révèle le talent de Caroline Poggi et Jonathan Vinel. La trilogie Dead or Alive de Takashi Miike conserve aussi des séances, tout comme Partie de campagne, projeté mardi à 17h15 avec La direction d’acteur par Jean Renoir de Gisèle Braunberger. D’autres films sont affichés plus bas, et l’Enfance de l’Art ne prend pas de vacances. Elle garde ses projections dominicales de 14h. Le 10 août, ce sera avec Zootopie, et les trois dimanches suivants avec L’Été de Kikujiro, de Takesho Kitano.
C’est de saison, et on vous la souhaite belle.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action