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L'Édito

L’Amérique des Coen.

L'Édito

L’Amérique des Coen.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Encore une semaine Coen, avec leur nouveau True Grit, accompagné d’un cycle qui propose un point (presque) complet de leur riche filmographie, qui sont autant de points de vue sur l’Amérique. Nous suivrons aussi l’expérience scientifique de Paul Newman mesurant l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, et retrouverons nos amis anciens élèves des grandes écoles pour leur Cinéma-Club.
Mardi soir à 20h30, les organisateurs du Cinéma-Club nous convient donc à revoir le deuxième film de John Boorman, Point Blank (le Point de Non-Retour). Réalisé en 1967, ce polar nerveux avec un Lee Marvin survolté et vengeur, a permis à Boorman d’affiner son style, son travail sur le son et sa science du cadre. Arrêtez l’image à n’importe quel moment, et vous avez une sublime composition où le réalisateur utilise avec brio toute la largeur du scope. Comme pour chacun de ses rendez-vous, le Cinéma-Club fera suivre la projection d’un débat. Michel Etcheverry, éminent spécialiste du cinéma américain classique et auteur de « Cent Ans d’Aller au Cinéma » viendra nous éclairer sur ce film noir, où pourtant le technicolor étincelle. La soirée se poursuivra au Grand Bar, où un cocktail sera servi.

Outre cet événement, la vedette de la semaine est bien évidemment True Grit. Pour ce premier western de leur déjà longue filmographie, les Coen retrouvent Jeff Bridges, qui créa le mythique Dude du Big Lebowski et incarne ici un shérif borgne et alcoolique. Ils lui adjoignent un Matt Damon en très agaçant Texas Ranger, et une jeune fille décidée, Hailee Steinfeld. Il fallut 18 mois de casting pour les frères dénichent cette petite perle qui porte une grande partie du film sur ses épaules, étonnamment solides pour une débutante. Gageons qu’elle ne va pas le rester longtemps… Après une telle prestation, les propositions devraient affluer. Donc voici notre trio sur la piste de l’assassin du père de la petite (Josh Brolin), également meurtrier d’un sénateur. Sur cette partition de poursuite dans le grand ouest, déjà traité à l’écran sous le titre de 100 Dollars pour un Shérif, d’Henry Hathaway avec John Wayne, les Coen ajoutent leur malice, leur humour, et même leur poésie (magnifique course dans la nuit). Il y a de bons dialogues, de bons gun fights, de bons personnages, le tout dans de superbes paysages ; bref tout ce qu’il faut pour composer un bon western, avec la Coen’s touch en plus.
Nous ne voulons pas savoir si les Coen font partie de l’Amérique «  des terroirs » (comme l’on dit ici). Mais, au regard de leur filmographie, y compris en passant par le western, on constate qu’ils la dépeignent comme personne. L’Amérique des tueurs, qu’ils soient du grand nord de Fargo, du sud dans No Country For Old Men, ou d’un bled paumé dans Sang Pour Sang leur convient parfaitement. Il sont tout aussi à l’aise pour croquer l’Amérique des sans grade, des vaguement paumés et toujours sur le fil du rasoir, comme le Big Lebowski ou The Barber, et passent sans effort à la haute société pour Intolérable Cruauté, dont ils font une comédie délirante. Qu’ils filment des espions (Burn After Reading), des cambrioleurs (Ladykillers), des évadés (O’Brother), l’inventeur du hula hoop (Le Grand Saut) ou un universitaire juif et tourmenté (A Serious Man), c’est d’abord l’Amérique qu’ils filment, et toujours en y ajoutant leur petite musique.

Deux rescapés de notre précédente programmation, tous deux issus du contre-cinéma des années 60-70, font face aux Coen. A ma droite, Paul Newman et De l’influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, subtil portrait d’une famille de femmes qui tentent de survivre. A ma gauche, The Swimmer, de Franck Perry, l’histoire d’un homme qui nage pour ne pas sombrer.
Et, bien sûr, il y a aussi l’Enfance de l’Art et sa séance de dimanche : Kirikou et les Bêtes Sauvages, de Michel Ocelot et Bénédicte Galup.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action