La technique de cinéma
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le cinéma est un art, une industrie, mais aussi un formidable lieu d’expérimentations techniques, sans cesse en évolution. Poursuivant son idée d’être le lieu de rendez-vous des fabricants du film, le Grand Action accueille un nouveau ciné-club professionnel – le sixième ! -, celui de l’AFCS, Association Française des Cadreur.se.s Steadicam. Pour cette première du Ciné-club AFCS, nous verrons, mercredi à 20h, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet. Outre quatre autres séances-débats, la seconde nouveauté de la semaine s’appelle Zeros and Ones, et est signée Abel Ferrara, cinéaste qui invente sa technique film après film. Voyons tout ça en détail.
Drôle de métier que de courir derrière (ou devant) des acteurs, affublé d’un drôle de harnais qui supporte une caméra, devenue libre de ses mouvements dans une fluidité totale. Ce métier, c’est celui des steadicamers, des cadreur.se.s mobiles qui, grâce à un système de stabilisation, créent une nouvelle écriture filmique ; leur corporation a désormais son rendez-vous dans nos salles. Pour sa première, mercredi à 20h, le Ciné-club AFCS a invité l’un de ses membres, qui tint la caméra de Jean-Pierre Jeunet pour suivre les tribulations et Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Patrick De Ranter sera avec nous afin de décrypter son travail pour cette fable qui, au son de l’entêtante musique de Yann Tiersen, fut le grand succès de 2001, révélant la délicieuse Audrey Tautou.
Vendredi à 20h, Carlos Tello, notre ami spécialiste du transhumanisme et docteur de l’Université de Paris, animera une séance d’Image & Parole autour du plus autobiographique film de Carlos Reygadas : Post Tenebras Lux. L’occasion d’ouvrir un débat sur les différentes façons de voir le monde.
Deux ciné-clubs dimanche. Le premier en matinée (11h30), est un GrecDoc qui nous fait voyager dans le temps et l’espace jusqu’à Donoussa, île oubliée des Cyclades. Giorgos Kolozis la filma dans les années 70, et Yiannis, son fils, poursuivit le travail à la mort de son père. Yiorgos de Kedros écrit ainsi une histoire émotionnelle au milieu de la mer.
A 18h, l’un de nos ciné-clubs consacrés aux professions du cinéma, celui des décorateurs, nous propose Gainsbourg (vie héroïque), de Joann Sfar, vraie-fausse biographie du génial Serge, incarné par Eric Elmosnino. Christian Marti, chef décorateur du film (et de pas mal d’autres pour Rappeneau, Berry, Sautet, de Oliveira…) sera l’invité du débat à suivre Du Décor à l’Écran.
Lundi à 19h30, ce sont les réalisateurs qui se donnent rendez-vous au Grand Action pour leur Directors’ Club. D’ailleurs, c’est de Rendez-vous, celui d’André Téchiné, qu’Antoine Barraud, qui dirigea notamment le très remarqué Madeleine Collins, viendra nous parler.
Après cette longue séquence « ciné-club », parlons de la sortie de la semaine qui faillit d’ailleurs ne pas sortir ! Zeros and Ones, le dernier film d’Abel Ferrara, dystopie de la pandémie et du confinement, tournée à Rome avec Ethan Hawke qui cherche son jumeau dans une atmosphère de fin du monde, ne devait être diffusé que sur petit écran. Reconnaissez que c’eut été dommage, car Ferrara, ce formidable styliste, mérite mieux, et son dernier opus, crépusculaire, a toute sa place sur la grande toile d’une salle de cinéma. Nous vous invitons vivement à venir le constater, ce qui sera aussi une manière de défendre la salle face au salon !
Sachez que tous nos récents succès sont toujours à l’affiche. En vedette, deux cycles : celui de Takashi Miike, prolifique et polémique cinéaste japonais qui touche à tous les genres, et un autre, intitulé Jacques Doillon, jeune cinéaste, pour redécouvrir les premières œuvres (restaurées) de ce grand filmeur des détails et de l’enfance. Les Oliviers de la justice, Cinq Nouvelles du Cerveau, Belfast, et tous les autres films que nous avons récemment aimés conservent quelques séances.
Derniers mots pour L’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30, nous verrons la deuxième aventure de Shaun le mouton : la ferme contre-attaque et, dimanche à 14h, la troisième de Kirikou et les hommes et les femmes.
Très belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action