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L'Édito

La sagesse et la violence.

L'Édito

La sagesse et la violence.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Comme tous les contraires, ceux-ci s’attirent au cinéma. Ainsi, notre sortie de la semaine, Le Moine et le Fusil, étonnant et formidable film venu du Bhoutan, confronte ce mini-état traditionnel et pacifiste au monde moderne, cupide et démocratique. Une vraie surprise, qui sera précédée à chaque séance de 19h par Palestine Island, le court-métrage de Nour Ben Salem et Julien Menanteau, Prix Grand Action/Unifrance 2024. Plus de violence que de sagesse (quoi que…) pour les motards de The Bikeriders, le dernier Jeff Nichols, L’Homme qui voulait savoir, thriller psychologique vintage de Georges Sluizer ou Furiosa, dernier opus de la saga Mad Max. Deux événements aussi pour fêter ce début d’été, un Ciné-club Louis Lumière avec L’Envol, de Pietro Marcello, et le réjouissant Festival du Film de Fesses.

Samedi sera chaud puisqu’entièrement dédié au Festival du Film de Fesses, qui sort le cinéma érotique de ses clichés. Depuis 9 ans, Anastasia Rachman et Léa Chesneau explorent l’imaginaire du sexe avec des cinéastes et des artistes de tous les genres. Préliminaires avec des compétitions de courts métrages samedi à 15h et 17h en présence des équipes, puis à 19h, nous verrons Nous 2, de Guillaume Dustan, introduit par une performance du comédien-chorégraphe Stan Briche. Climax à 21h avec l’avant-première de Eat the night. Après le très remarqué Tant qu’il nous reste des fusils à pompe (Ours d’or du court à Berlin en 2018) Caroline Poggi et Jonathan Vinel signe un long film noir très contemporain, où les héros virtuels ne sauvent pas les loosers réels. On vous en dira plus le 17 juillet pour la sortie de ce film. 

Mardi à 20h, le dernier Ciné-club Louis Lumière de la saison conclura la semaine avec L’Envol, de Pietro Marcello. Marco Graziaplena, directeur de la photographie, nous parlera de son travail pour éclairer le riche casting et les décors de ce drame post-premier conflit mondial.

Enclavé entre la Chine et l’Inde, le Bhoutan est un petit état de moins d’un million d’habitants qui, globalement, vivent en paix, de façon traditionnelle et sous la protection de Bouddha (avec une minorité hindouiste). Au début du XXIe siècle, le roi a souhaité faire entrer le royaume dans la modernité en donnant à ses sujets l’accès à la télévision (avec modération), et en renonçant à la monarchie absolue pour une variante plus contemporaine et constitutionnelle. Il fallut donc organiser des élections, dont les Bhoutanais, heureux dans leur quotidien, se contrefichaient. C’est dans ce contexte qu’un moine part chercher un fusil, outil de mort quasi inconnu au Bhoutan, sur la mystérieuse injonction de son grand Lama. Mais l’ancien fusil qu’il va dégotter est aussi convoité par un trafiquant américain. Sur ce scénario farfelu mais dont le contexte est bien réel, Pawo Choyning Dorji filme une délicieuse fable, parfaitement tenue et servie par des comédiens aussi inconnus que brillants. Le Moine et le fusil est l’un des très rares films bhoutanais, nationalité de son réalisateur qui, lui, s’inscrit déjà dans le gotha du cinéma. Pawo Choyning Dorji s’est fait remarquer en 2019 avec son premier film (L’École du bout du monde) qui fut, comme d’ailleurs son second, Le Moine et le fusil, présenté aux Oscar ! Il émane de cette histoire une grande délicatesse, une extraordinaire maîtrise du récit, et surtout une image sublime. Cette jolie comédie morale est sans aucun doute l’un des films de l’été. Chaque projection de 19h sera précédée par Palestine Island, vision personnelle et décalée de l’actualité qui obtint le Prix Grand Action/Unifrance 2024. 

Aussi brutaux que doux sont les Bhoutanais, les Bikeriders poursuivent leur « équipée sauvage », pour reprendre le titre d’un film de Benedek avec Brando jeune qui influença Jeff Nichols. Pour son dernier film (un cycle Jeff Nichols permet de réviser sa courte et brillante carrière), il s’appuie aussi sur les photos et le récit du journaliste Danny Lyon qui, dans les années 1960, avait documenté la naissance des clubs de motards dans les faubourgs prolo de l’Amérique conquérante. Sûr de son casting (Tom Hardy, Jodie Comer, Austin Butler), de sa reconstitution et de sa mise en scène, Nichols filme aussi une parenthèse presque enchantée, avant qu’une violence sans noblesse ne balaye les fiers Bikeriders

Plein d’autres films à voir (liste plus bas), et les derniers mots pour l’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30, Patate, ravira les tout petits, et dimanche à 14h, Moonrise Kingdom, fantaisie scoutiste de Wes Anderson, embarquera tout le monde. 

Belle semaine estivale.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action