Scroll down
L'Édito

La nuit et le rock.

L'Édito

La nuit et le rock.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
La rentrée de ces vacances de printemps va être rock’n roll, avec une programmation qui accompagne le nouvel album de cinéma d’Armand Colin, consacré aux rock’n movie stars. En point d’orgue (ou de guitare électrique), la soirée de vendredi : François Ribac viendra présenter son livret lors de la projection de Down by Law. Le rock, c’est bien connu, s’épanouit la nuit, tout comme les chasseurs. Surtout celui inventé par Charles Laughton et interprété par Robert Mitchum dans La Nuit du Chasseur. Outre ces deux temps forts, quelques séance de rattrapages de Bienvenue Mister Chance, de Hal Ashby, de 8 Heures de Sursis, de Carol Reed.

Car, yeah ! Place aux rock stars. Le 20e siècle a donné naissance aux guerres les plus meurtrières et aux dictatures les plus effroyables de l’histoire de l’humanité. Il fut aussi le siècle de l’aviation, de la voiture, et d’un certain progrès social pour quelques privilégiés. Mais, de notre point de vue, le 20ee siècle est d’abord celui de la naissance du cinéma en tant qu’art (et non de simple invention, que nous laisserons à la toute fin du 19e) et de l’avènement du rock’n roll. Dans les années 50 aux USA, le cinéma connaissait l’un de ses âges d’or (après celui des années 10, des années 20, des années 30, voire même des années 40). Mais la société, encore fort discriminante, s’ennuyait un peu. Les Noirs, qui réclamaient leur légitime émancipation, avaient fait évoluer leur jazz vers un nouveau beat, plus blue et plus tonique. Un Blanc s’en empara et créa le rock’n roll. Normal donc que le premier film de notre festival qui accompagne le livre de François Ribac, Les Stars du Rock au Cinéma, rende hommage à Elvis « the Pelvis » Presley, et son inimitable mouvement de bassin. Il en abuse dans Jailhouse Rock, de Richard Thorpe que nous verrons mercredi. Jeudi, c’est Jonathan Demme qui, dans Stop Making Sense, suit d’autres performances scéniques, celles de David Byrne, leader fou des Talking Heads. Vendredi, Jim Jarmush embauche Tom Waits pour une cavale en compagnie de Roberto Benigni et John Lurie, tous trois Down by Law. La séance de 20h sera présentée par François Ribac et suivie d’un cocktail. Le festival se poursuit samedi avec le jeune Scorsese de 1974, réalisant Alice n’est Plus Ici, film vraiment indépendant sur les rêves de chanteuse d’Alice, magnifiquement incarnée par Ellen Burstyn. Dimanche, projection du mythique Macadam à Deux Voies, road movie très rock de Monte Hellman, et lundi d’un autre film culte très London 70’s : Performance (plus connu sous le nom de Vanilla), de Cammel et Roeg, avec Mick Jagger et Anita Pallenberg. Nous terminerons cette semaine en France avec La Cicatrice Intérieure, film où Nico erre à côté et devant la caméra de Philippe Garrel.

Pendant que le rock se déchaine et se déhanche, le chasseur poursuit toujours deux enfants afin de leur arracher un trésor. Unique film de Charles Laughton, la Nuit du Chasseur est un sublime cauchemar gothique qui fait de l’œil et rend hommage à Murnau ou Pabst. Lumière surréelle, cadre décalé, et interprétation géniale de Robert Mitchum, cette Nuit, dont l’échec à sa sortie dissuada Laughton de réaliser d’autres films, fait aujourd’hui partie de l’histoire du cinéma. Et les mains de Mitchum, tatouées « hate » et « love », sont aussi célèbres que la caniculaire envolée de jupe de Marylin sur la bouche du métro de 7 Ans de Réflexion, ou King Kong grimpant sur L’empire State Building.

Egalement au programme Bienvenue Mister Chance, la fable optimiste de Hal Ashby, où Peter Sellers en jardinier, distille une sagesse simple, juste et touchante, et 8 Heures de Sursis. Dans ce film noir réalisé en 1947 par Carol Reed, James Mason, au sommet de son art (c’est lui qui le disait) incarne un révolutionnaire irlandais, soldat perdu d’une cause désespérée. Cette même Irlande, mais au 9e siècle et menacée par les Vikings, est aussi le sujet de Brendan et le Secret de Kells, joli dessin animé de Tomm Moore, projeté jeudi à 9h30. Autres séances ouvertes aux scolaires, celle de lundi 14h et mardi 10h pour voir ou revoir le Petit Lieutenant, formidable film de flics, avec Nathalie Baye et Jalil Lespert, filmé par l’un de nos plus grands cinéastes français du moment, Xavier Beauvois.
Quant à l’Enfance de l’Art, c’est menu épinard avec Popeye et les milles et une nuits, trois courts métrages du marin à la pipe et aux biceps.

Réservez dès maintenant votre soirée du mercredi 4 mai. Nous aurons le plaisir de vous projeter en avant-première un film qui aborde la problématique de l’élimination des déchets nucléaires, Into Eternity. Cette projection sera suivie d’un débat avec Yves Marignac, de WISE-Paris et Thierry Charles, de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire. Ce sera notre premier cin’tank, on vous en dira plus dans notre prochaine lettre.

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action