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L'Édito

La monstresse, les Monstres et les méchants.

L'Édito

La monstresse, les Monstres et les méchants.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

La monstresse, c’est Sweetie, le personnage obèse et sympathiquement débile imaginé par Jane Campion dans son premier film, retenu ce mois-ci par le Ciné-Club PositifLes Monstres, ce sont les personnages de Dino Risi, vedettes de notre programme de comédies italiennes. Les méchants, ce sont tous ceux qui relaient une odieuse Rumeur d’homosexualité sur deux jeunes directrices d’une école de filles.

Réalisé par William Wyler, La Rumeur (Children’s Hour) est l’adaptation cinématographique d’un succès de Broadway. Même si les mœurs avaient évolué en ce début des années 60 et que le code Hays était moribond, le puritanisme américain considérait encore l’homosexualité comme « contre nature ». D’ailleurs, le mot « homosexuelle » (et encore moins lesbienne) n’est jamais prononcé dans le film, dont c’est pourtant le sujet. Deux jeunes femmes, directrices d’une école de filles, sont donc accusées par une de leurs élèves de s’aimer. Une fois le bruit lancé, il va courir comme un pur sang à Auteuil, faisant sur son passage des ravages. Passant du péplum en scope au drame en noir et blanc, Wyler traite le sujet avec retenue mais finesse. Etonnamment, il avait déjà, dans Ben Hur, son film précédent, évoqué l’homosexualité, les rapports entre le héros (Charlton Heston) et Messala (Stephen Boyd) n’étant pas dénués d’ambigüité. Moins codée, l’amitié amoureuse non aboutie des deux jeunes femmes de La Rumeur (formidables Audrey Hepburn et Shirley MacLaine) permet aussi de traiter du poids des convenances dans une petite ville de l’Amérique profonde. Merci à Lost Films, le distributeur, de nous permettre de découvrir une jolie rareté.

En 1989, Jane Campion avait dirigé un court métrage remarqué et se lançait dans son premier long. N’ayant peur de rien, la jeune réalisatrice, anthropologue de formation, opta pour une histoire dérangeante, autour d’un personnage qui ne l’est pas moins. Kay est une jeune femme timorée qui semble avoir trouvé le bonheur avec un homme lorsque Sweetie, sa sœur, grosse, bruyante, extravertie, débarque dans sa vie. Nous sommes très heureux de vous présenter ce film dans le cadre du Ciné-Club Positif mardi à 20h. D’autant que le débat qui suivra permettra de mieux comprendre les débuts d’une des (trop) rares cinéastes femmes à mener une carrière internationale.

En salle Club, on parle italien pour notre programmation consacrée aux belles années de la comédie transalpine. En vedette, Les Monstres (i Mostri), film de 20 sketches jubilatoires réalisés par Dino Risi et interprétés par Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi. Les deux rivalisent de médiocrité pour traiter la bassesse humaine. Quelques années plus tard, le trio sera rejoint par d’autres complices (Scola, Monicelli, Sordi, Ornella Muti) pour donner une relecture du thème dans les Nouveaux Monstres. Egalement au programme, l’extraordinaire Mariage à L’Italienne de Vittorio de Sica, avec l’œil qui frise de Mastroianni, et les adaptations très seventies des contes de Boccace par quatre « pointures » du cinéma – De Sica, Fellini, Visconti et Monicelli – dans Boccace 70.

L’Enfance de l’Art, mercredi à 14h, projettera Bugsy Malone, d’Alan Parker, où des enfants jouent les rôles de gangsters. Un film étonnant devenu un classique.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action