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L'Édito

La mémoire du cinéma.

L'Édito

La mémoire du cinéma.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Les films, en structurant les récits, structurent aussi nos mémoires. Nous avons tous des souvenirs de cinéma précis : un regard, un geste, une phrase, une action, un cadre, une histoire, une scène. L’objet du Festival Toute la Mémoire du Monde est, en les restaurant, de préserver ces supports mémoriels que sont les films. Pour la deuxième édition de ce Festival, le Grand Action accueille trois projections, dont celle de Vertigo, samedi soir, qui sera présentée par William Friedkin, le réalisateur culte de L’Exorciste et French Connection. Si Les Petites Margueritesde Vera Chytilova, perpétue le souvenir de l’effervescence pragoise des années 60, La Vénus à la Fourrure nous permet de savourer les obsessions de Roman Polanski. Tous deux sont encore à l’affiche de la semaine qui, outre le Festival précédemment cité, sera aussi marquée par un Ciné-Club Louis Lumière.

Mercredi soir, le Ciné-Club Louis Lumière a convié Simon Roca et Tom Harari. Au premier, l’on doit notamment La Fille du 14 Juillet, délicieux petit film sorti l’été dernier. Le second a éclairé, entre autres, La bataille de Solférino et Suzanne, à sortir prochainement. Mercredi à 20h, ce sont quatre courts-métrages qu’ils viendront nous montrer et autour desquels ils débattront avec le public. On verra donc Pour la France, de Shanti Masud, Vilaine Fille, Mauvais Garçon, de Justine Triet, Changement de Trottoir et L’Opération de la Dernière Chance, d’Antonin Peretjatko. Une soirée jeune cinéma français à ne pas rater.

Sous l’égide de la Cinémathèque Française et de bon nombre de partenaires institutionnels, techniques et financiers, le Festival Toute la Mémoire du Monde célèbre les films restaurés. Et, par là même, tous ceux qui donnent leur énergie pour que vivent encore les œuvres qui font la mémoire du cinéma, et donc la notre. Cette année, le Festival, ses films et ses prestigieux invités vont quitter partiellement les murs de la Cinémathèque pour des projections dans des salles partenaires, dont le Grand Action. Nous sommes donc très heureux de vous présenter, dans des versions proches de leur état d’origine, Fleurs d’Equinoxe, drame japonais réalisé par Yasujiro Ozu en 1958, La Propriété, c’est plus le Vol, film subversif d’Elio Petri, et Sueurs Froides (Vertigo), l’un des plus fameux Hitchcock des années 50. Mais l’événement, c’est que la projection de Vertigo, samedi à 20h, sera introduite par William Friedkin en personne. Nous aimons beaucoup ce drôle de vieux monsieur indigne qui sut utiliser le système hollywoodien pour construire une œuvre personnelle et, accessoirement, renouveler les genres du polar et de l’horreur. D’ailleurs, Killer Joe, son dernier film, tint longtemps le haut de l’affiche au Grand Action. Notez donc sur vos tablettes ce rendez-vous exceptionnel avec l’un des réalisateurs qui est une des mémoires du cinéma.

Que tous ces événements prestigieux ne vous fassent pas oublier notre programme de la semaine, toujours porté par Les petites Marguerites et La Vénus à la Fourrure. Symbole de la courte période de folie qui a saisit la capitale tchécoslovaque avant le Printemps de Prague et l’invasion des chars soviétiques en 1968, le film de Vera Chytilova porte l’utopie des années 60, qui existait aussi de l’autre côté du mur. Au delà du propos subversif et de l’énergie dévastatrice des deux jeunes héroïnes, Les petites Marguerites conservent, plus de 40 ans après leur mise en boîte, une fraîcheur revigorante et surréaliste. Un film culte où éclate « l’envie de faire », que nous sommes très heureux de vous faire découvrir sur copie neuve. La presse et le public ont magnifiquement accueilli La Vénus à la Fourrure. Si Polanski étale dans son dernier film la plupart de ses obsessions, il y met surtout une finesse réjouissante et un humour distancié. En donnant à Mathilde Seignier, son épouse à la ville, un rôle duel où elle éclate, et en faisant interpréter à Mathieu Amalric un double de lui-même (y compris physiquement), Polanski réussit parfaitement son coup.

Dernières lignes pour l’Enfance de l’Art, et la projection, dimanche à 14h, de Fantasia. Cette merveille de Disney est sans doute la meilleure façon de faire découvrir la musique classique aux enfants. Et c’est toujours un ravissement.

Ravissante semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.