La marge.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Comme Eat the Night, le dernier film de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, le Cycle Sean Baker explore en trois films le quotidien de personnages de la marge, souvent invisibles, et dont la vie est un combat. Un peu marginal dans le biotope hollywoodien, Ti West rend hommage au cinéma de genre. Avant la sortie de Maxxxine (le 31 juillet), le troisième opus de sa Trilogie X, nous la verrons en intégralité et en avant-première samedi à partir de 16h. X, Pearl et donc Maxxxine, tous trois portés par Mia Goth, seront projetés à la suite. Les amateurs de série B horrifique et secouante vont passer une bonne soirée, bien sanglante. Cette trilogie rejoint une autre triplette cinglée, celle de Dead or Alive de Takashi Miike. Voilà qui devrait ravir un public amateur de cinéma différent, et confirme que tous les genres ont leur place au Grand Action.
Sean Baker a fait son entrée dans la cour des grands lors du dernier Festival de Cannes où son Anora a décroché la Palme d’or. On espère vous en reparler prochainement mais, en attendant, sommes ravis de vous proposer de découvrir ses trois premiers films, un regard presque documentaire dans le quotidien de personnages très éloignés les uns des autres. Notre Cycle Sean Baker – les Oubliés de l’Amérique débute avec Four Letter Words où l’on suit un groupe de jeunes gars des banlieues qui, au sortir de l’adolescence, proposent, par leurs mots, leurs attitudes, leurs expressions, une vision de la masculinité du début des années 2000. En 2004, Baker coréalisait (avec Tsou Shih-Ching) Take Out, l’histoire d’un jeune immigré chinois, forcé de travailler comme un fou à New York afin de rembourser l’argent qu’il a emprunté pour devenir esclave aux USA. Un film âpre et cruel. Quatre ans plus tard, le réalisateur s’attache à un autre laissé pour compte : Lucky, migrant illégal Ghanéen, est le Prince of Broadway qui vend à la sauvette des produits de contrefaçon. L’arrivée d’un « héritier » que lui balance une ex-fiancée complique singulièrement l’existence, déjà pas simple, du « Prince ».
Le distributeur Condor qui sort en salle Maxxxine, le dernier volet d’une horrifique trilogie de Ti West avec la sulfureuse et bien nommée Mia Goth, a eu la bonne idée de rééditer les deux premiers. Ti West est un drôle de réalisateur qui tient à maîtriser l’écriture, le tournage, le montage et la production de ses films. Fasciné par le cinéma B, notamment le porno trash et l’horreur généreusement hémoglobinée, la vision de sa trilogie X est à réserver à un public averti. On est loin de l’Enfance de l’Art ! Dans X, le premier opus, nous sommes dans les années 70, où Maxine – la charmante et saisissante Mia Goth – veut percer dans le porno. Les choses tournent au carnage dans la maison louée pour le tournage, celle de Howard et Pearl, un couple âgé et passablement tourmenté. Âme sensible s’abstenir, le film est d’ailleurs interdit aux moins de 16 ans. Pearl, le numéro 2, inédit, est une préquelle de X, où Mia incarne justement le personnage titre, mais des années auparavant. La jeune femme s’occupait alors de ses vieux parents et ça avait déjà gravement dérapé. Dans Maxxxine, le dernier épisode de la saga qui sort mercredi 31 juillet, l’héroïne, ayant réussi sa carrière dans le cinéma érotique, veut goûter à d’autres rôles. Mais, dans Los Angeles des 80’s, un tueur maniaque sévit et ça va encore saigner. Les deux derniers opus sont interdits aux moins de 12 ans.
La violence de Eat the Night, bien réelle quoi qu’aussi virtuelle, est d’une toute autre nature. Car si le grand frère et la jeune sœur se confrontent à la plus âpre brutalité du monde, ils se retrouvent surtout dans un jeu de combat en ligne, Darknoon, qui annonce son arrêt définitif au début du film. Autre violence, qui lance l’irrémédiable compte à rebours de la fin de l’innocence. Caroline Poggi et Jonathan Vinel réussissent leur coup avec Eat the Night, film coup de poing, sans concession, où la douceur des amours et la folie du rêve ne suffisent pas à oublier la dureté de la vie. Citons le magnifique trio de jeunes acteurs qui incarne cette réussite : Lila Gueneau, Théo Cholbi et Erwan Kepoa Falé.
Concluons en rappelant nos autres films affichés plus bas : Une partie de campagne, pépite inachevée de Jean Renoir projetée dimanche à 16h avec le documentaire La Direction d’acteur par Jean Renoir, Le Moine et le fusil, surprise bhoutanaise de Pawo Choyning Dorji, The Bikeriders, fresque américaine de Jeff Nichols, eXistenZ, fantastique de David Cronenberg, et quelques autres.
Quant à l’Enfance de l’Art, elle nous régale, dimanche 28 juillet et 4 août à 14h avec Zootopie, de Byron Howard et Jared Bush.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action