La jeunesse et le futur.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Pourquoi ce titre ? La jeunesse nous permet d’évoquer celle de Sherlock Holmes, vedette en devenir du Secret de la Pyramide, de Barry Levinson, que nous ressortons sur copie neuve, grâce au travail du distributeur Carlotta. Elle annonce aussi les films courts des réalisateurs sélectionnés par Collectif Prod pour sa soirée « Spécial Sex » des Courts du Grand. Ce sera un programme « muy caliente », vendredi soir à 19h45, et suivi d’un cocktail en présence des jeunes auteurs. Quant au futur, il est technologique. Car nous inaugurons cette semaine nos projections en numérique 2k. Pour fêter ce nouveau confort de visionnage et ce futur, radieux, forcément radieux, nous avons appelé deux glorieux anciens réédités en ce nouveau format : Les Moissons du Ciel, l’un des 5 chefs d’œuvre de Terrence Malick, et la Piscine, dans laquelle plongent Delon-Schneider-Ronet sous l’œil de Jacques Deray. Pierre Rissient, grand monsieur du cinéma qui était l’attaché de presse du film lors de sa sortie, viendra, dimanche à 18h, nous présenter cette torride et perverse Piscine. Les piscines sont aussi les espaces où le Swimmer poursuit sa nage, avec, dans son sillon, d’autres films de Burt Lancaster et quelques représentants du contre-cinéma américain contemporain (de 1968). Ajoutons-y les derniers feux de notre hommage à Dino de Laurentiis, quelques égarés des semaines précédentes, et l’Enfance de l’Art, qui a l’excellente idée de projeter West Side Story. Comme c’est l’un de nos films cultes et que la séance de l’Enfance est déplacée au mardi 14h, il était juste qu’elle ne retrouve pas annoncée en fin de lettre, comme d’habitude.
Spielberg à la production, Colombus au scénario, Levinson à la mise en scène, autant dire que le jeune Sherlock Holmes est né en 1985 (au cinéma) sous les meilleurs auspices. Le Secret de la Grande Pyramide (dont le titre original est donc Young Sherlock Holmes) est une fantaisie brillante qui raconte la naissance du mythe, que Sir Conan Doyle n’avait pas imaginée. Dans un collège très britannique, Sherlock, adolescent aux stupéfiants pouvoirs de déduction, rencontre le futur Docteur Watson et combat celui qui deviendra son légendaire ennemi : Moriarty. Il y a du Tintin et du Potter (Colombus réalisa deux épisodes du magicien à lunettes) dans ce film pétillant que les plus jeunes découvriront avec plaisir. C’est la raison pour laquelle il sortira en VF, et tant pis pour nos principes. D’autant que la version française est excellente.
Faute de place, nous ne reviendrons pas longuement sur The Swimmer, de Franck Perry (et Sydney Pollack), magnifiquement servi par la musique de Marvin Hamlisch. La presse s’est d’ailleurs chargée de vous faire l’éloge de cette ocni (objet cinématographique non identifiable), ressortie par le distributeur Splendor Films, pécheur de perles en pellicule. En revanche, nous vous proposons de revoir certains des œuvres contemporaines du Swimmer qui, toutes, allaient dans le même sens : la démolition, réelle ou métaphorique, du rêve américain. De Palma, dans Carrie, le voyait comme un bal du diable, et Dalton Trumbo, dans Johnny Got His Gun, le regardait par les yeux d’un soldat estropié. Hooper et Schatzberg, via Easy Rider et Panique à Needle Park, plongeaient dans la défonce et la mort, tandis que dans un western revisité ou un désert révolutionnaire, Monte Hellman (The Shooting) et Antonioni (Zabriskie Point) dénonçaient le pouvoir maléfique des armes à feu, si populaires dans l’imaginaire US. Si l’Amérique se dilue dans les remous du Swimmer, Burt Lancester y surnage. Ses inconditionnels pourront le revoir dans Elmer Gantry, Règlement de Comptes à OK Corral, Atlantic City et Tant qu’il y aura des Hommes, de Fred Zinnemann.
Pour finir, quelques films en vrac : certains produits par Dino de Laurentiis, comme Serpico de Lumet, L’Année du Dragon de Cimino et l’Œuf du Serpent de Bergman. Et d’autres qui refusent obstinément de quitter l’affiche, tels les Désaxés ou la Dolce Vita.
Sherlock, Burt, Marilyn, Marcello… Les mythes ont la vie dure et tant mieux pour le cinéma.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action