Klute enchanté.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cette semaine au Grand Action, c’est Klute, le détective flegmatique inventé par Alan J. Pakula qui tient la vedette. Il partage les écrans avec trois des plus célèbres westerns spaghetti de Sergio Leone : Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une Fois la Révolution, Et pour Quelques Dollars de Plus. Signalons que les deux derniers opus cités ont été brillamment restaurés par la Cinémathèque de Bologne qui a redonné aux visages burinés et aux paysages grandioses leur éclat originel. Signalons aussi que c’est la dernière semaine de projection pour Il était une Fois la Révolution, où James Coburn et Rod Steiger manient la dialectique de la dynamite.
Le thème de Klute est plutôt classique : un maniaque sexuel qui harcelle et tue des prostituées. Son traitement aussi : le détective flegmatique va tomber amoureux de la fille qu’il protège. On ne vous en dira pas plus sur ce film clé des années 70. Au-delà d’être un fort efficace polar, Klute lança une mode et joua un rôle dans les luttes féministes de l’époque, du moins au niveau de l’image. Pakula a donné à son film le nom du détective intelligemment interprété par Donald Sutherland. Il aurait été mieux inspiré de l’intituler « Bree », prénom du personnage joué par Jane Fonda. Sa coupe de cheveux et ses tenues – chemise à jabot, mini jupe, cuissardes, robe hyper courte resserrée par un gros ceinturon, manteau de cuir, robe pailletée… – ont fait, dès la sortie de Klute, leur apparition sur des millions de jeunes femmes. Car les attitudes et les attributs de Bree, et même sa « profession », exprimaient une certaine idée de cette liberté que les filles avaient à conquérir.
Fille d’Henry, sœur de Peter et tante de Bridget, Jane Fonda fut de toutes les luttes des années 60 aux États-Unis. Droits des Noirs, des Amérindiens, des femmes, guerre du Viet Nam, peu de causes (justes) échappèrent à Citizen Jane. Elle s’est encore récemment exprimée pour tancer l’administration Bush, tant dans son engagement en Irak que dans sa gestion de l’après Katrina en Louisiane, ou pour appeler de ses vœux la paix israélo-palestinienne.
Au cinéma, elle fut classée icône sexy en Barbarella devant la caméra de Vadim (son mari à l’époque), avant d’opter pour des rôles plus conformes, non seulement à sa plastique, mais aussi à son esprit. Nominée à l’Oscar pour On Achève bien les Chevaux en 1969, elle obtint la statuette trois ans plus tard pour Klute (puis une seconde en 1978 pour le Retour).
Près de 40 ans après sa sortie, Klute est un polar à revoir. Pour son côté vintage, pour la lumière de Gordon Willis, pour l’efficacité de Pakula, pour son atmosphère oppressante, pour l’imperturbable Sutherland (même en pyjama) et, bien sûr, pour Jane Fonda.
On parle beaucoup de Jane, mais on pourrait dire tant de choses sur Marilyn, star des stars, qui illumine de sa présence et de son jeu la brillante comédie de Billy Wilder. Dans Certains l’aiment Chaud (Some Like it Hot), que nous propose l’Enfance de l’Art, elle donne la réplique avec une candeur désarmante à deux musiciens (Tony Curtis et Jack Lemon), contraints de se travestir pour échapper à la mafia.
La semaine prochaine, il ne sera plus question de jolies filles. Les Monstres envahiront nos salles pour fêter le lancement du deuxième album de cinéma de la nouvelle collection d’Armand Colin. Après les Hommes-Objets (titre du premier volume), place aux Aliens, aux Freaks, aux Vaudous et autres images du monstre au cinéma. Une semaine frissonnante.
Que celle si soit bonne.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action