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L'Édito

Île de beauté, mais pas que…

L'Édito

Île de beauté, mais pas que…

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Pour certains d’entre nous, l’été qui arrive nous appelle vers la Corse ; une île sublime, certes, mais souvent secouée par la violence. Voici le sujet de À son image, de Thierry de Peretti, que nous verrons dans les Avant-premières ! organisées par les Cinémas Indépendants Parisiens, jeudi à 20h en présence de Clara-Maria Laredo et Marc-Antonu Mozziconacci. L’autre événement de la semaine, c’est la réédition sur copie neuve de eXistenZ, film visionnaire de David Cronenberg réalisé en 1999. Par ailleurs, nos récents succès poursuivent leur carrière, avec une mention spéciale pour Le Moine et le fusil, étonnant film bhoutanais de Pawo Choyning Dorji, et The Bikeriders, film totalement américain de Jeff Nichols. 

On se souvient d’Une Vie violente où Thierry de Peretti racontait comment un jeune intellectuel corse se faisait rattraper par la violence indépendantiste. Dans À son image, le réalisateur revient sur les années de plomb de son île à travers le regard d’une jeune photographe, la formidable Clara-Maria Laredo ; cachée derrière l’optique de son Canon, elle capte littéralement celui de la caméra ! Au tournant des années 80, des groupes du FLNC (Front de Libération Nationale Corse), cagoulés et puissamment armés, organisaient des conférences de presse lunaires pour revendiquer leurs actions. Là commence À son image, qui suit la dérive des mouvements sécessionnistes, dont certains activistes glisseront vers le grand banditisme. Avec sa caméra, De Peretti dresse un portrait de cette génération marquée par les meurtres et les attentats jusqu’au début du XXIe siècle. C’est brillant, incarné et passionnant. Nous sommes très heureux de vous présenter en Avant-première ! jeudi à 20h, À son image, en présence de Clara-Maria Laredo et de son partenaire à l’écran Marc-Antonu Mozziconacci. Le film sortira début septembre et on espère avoir l’occasion de vous le montrer alors. On vous invite à profiter de la projection exceptionnelle de jeudi. 

Il y a 25 ans, David Cronenberg imaginait une nouvelle génération de jeux vidéo directement connectés au système nerveux humain : eXistenZ. Le réalisateur canadien poussait encore un peu plus loin son cinéma fantastique si singulier et personnel en mêlant le virtuel et le réel. Mais les choses allaient vite dérailler… Visionnaire non ? On verra d’ailleurs très bientôt Eat the Night qui joue sur un registre voisin… Bref, Jennifer Jason Leigh, froide beauté hitchcockienne, embarque le jeune Jude Law et Willem Dafoe dans un jeu potentiellement mortel qui préfigure le métavers. Cette dystopie (que la réalité rattrape) a bénéficié d’une belle restauration qui lui redonne son éclat. A revoir d’urgence. 

A découvrir aussi Le Moine et le Fusil, qui ravira les amateurs de cinéma exotique, puisque son réalisateur bhoutanais situe l’action dans ce petit royaume hors du temps, dont les 700 000 sujets ont été convertis simultanément à la télévision et la monarchie parlementaire en 2006.  Partant de ces faits authentiques, Pawo Choyning Dorji bâtit une délicieuse fable où un moine rêve d’acquérir le fusil mitrailleur de James Bond. Mais pourquoi ? C’est délicieux, fort bien raconté, avec une remarquable caractérisation des (nombreux) personnages, un excellent sens du récit et un humour qui prouve que le rire n’a pas de frontière. Nul doute que Le Moine et le Fusil soit un des films marquants de l’été. Il invite aussi au voyage, et à la découverte d’un monde bien éloigné du nôtre mais dont l’humanité et la sagesse devraient nous faire réfléchir. Toujours au programme aussi les vrombissants Bikeriders (qui roulent en compagnie d’un cycle Jeff Nichols avec quelques films forts de ce réalisateur majeur), et d’autres de nos récents succès dont vous trouverez plus bas les affiches. 

Terminons avec l’unique séance de l’Enfance de l’Art qui, dimanche à 14h, nous embarque au pays des cowboys avec le plus grand duo du burlesque : Laurel et Hardy au Far-West, de James W. Horne. 

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action