Il était une fois entre Amérique, Russie, Asie et Portugal.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Dans le monde, où qu’elles soient nées, toutes les histoires commencent par « Il était une fois ». L’histoire de notre programme de la semaine également, avec un tour du monde de cinéma et surtout la ressortie de l’ultime, dernière et définitive version de Il Etait une Fois en Amérique, de Sergio Leone, une intégrale de 4h11 restaurée. Représentante de l’Outre Oural, Ciné-Ma-Russie nous raconte la belle et tragique histoire d’un héros de la guerre, choisie par Isabelle Huppert : la Ballade du Soldat, de Grigori Tchoukhraï. Un autre ciné-club, celui de Positif, conclura la semaine mardi 12, avec Paris-Texas, de Wim Wenders, réalisateur dont le dernier film, Every Thing will be Fine, est toujours à l’affiche. Le voyage des belles histoires ne serait pas complet sans un tour par Hacker, le thriller asiatique de Michael Mann, et un détour par le Portugal via notre Hommage à Manoel De Oliveira.
Il y a 3 ou 4 ans, lors de la ressortie de sa version numérique, nous avions finement titré cette lettre « Il était une fois en numérique ». Mais la version d’alors de Il Etait une Fois en Amérique, bien que bénéficiant déjà des derniers cris de la technologie moderne, était encore provisoire. Celle que nous vous proposons cette semaine est complète et définitive. Un film fleuve de plus de 4 heures. Il faut bien ça pour appréhender l’ampleur de la saga multi-décennale de ces gangsters, venus de partout mais bercés à l’ombre du pont de Brooklyn. Robert De Niro, James Woods, Joe Pesci et Elisabeth McGovern sont impeccables, tout comme la mise en scène de Sergio Leone et la musique d’Ennio Morricone, bien sûr.
La veille du 8 mai, il est bien naturel d’évoquer la seconde Guerre Mondiale dont nous fêtons le 70e anniversaire du coup de sifflet final. Grâce à Isabelle Huppert, aussi formidable en star qu’en cinéphile, nous prendrons le conflit par le côté soviétique. Car c’est elle qui a choisi et viendra nous parler de La Ballade du Soldat, de Grigori Tchoukhraï, que nous propose Ciné-Ma-Russie. La guerre déchire un couple éphémère qui aurait pu s’aimer mais fut séparé par la haine. Un film magnifique réalisé en 1959, que nous présenteront Alexandre Adler et Jean Radvanyi. Le cocktail russe à suivre sera l’occasion de prolonger l’échange avec nos trois maîtres de cérémonie.
La route poussiéreuse, Nastassja Kinski, la musique de Ry Cooder, et le titre même de Paris-Texas résonnent comme un moment fort du cinéma des années 80. Wim Wenders avait flairé l’époque qui le lui rendit bien en faisant un triomphe au film, à commencer par une Palme d’Or cannoise en 1984. Merci au Ciné-Club Positif de nous proposer de revoir ce petit bijou avec, pour les quinquagénaires et plus, une pincée de nostalgie. Heureusement que la jeune garde de notre meilleure revue de cinéma du monde, en la personne d’Emmanuel Raspiengeas, nous prouve que le film n’a pas tellement vieilli.
Ni d’ailleurs son réalisateur, puisque Wim Wenders vient de sortir un film. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, tout ne va si bien dans Every Thing will be Fine. Après une dispute avec son amie, un jeune romancier tue un enfant sur une route enneigée. Ça commence mal, et ça ne va pas s’arranger avec le succès littéraire qu’obtiendra le livre qu’il tirera de cette terrible expérience. Un film sur la culpabilité donc, thème cher à l’auteur, et que servent admirablement James Franco, Rachel McAdams et Charlotte Gainsbourg. Sensibles à vos remarques et vos réserves sur la 3D qu’avait tentée le réalisateur, nous projetterons Every Thing will be Fine en 2D.
Il reste encore quelques séances pour les pirates informatiques malfaisants de Hacker, soutenus par le cycle Michael Mann, dont il ne reste qu’une seule séance pour Le Solitaire. Ce qui finalement est assez logique. N’oublions pas aussi qu’il fut une fois au Portugal un cinéaste à la longévité aussi imposante que le talent. Hommage donc à Manoel de Oliveira, mort le mois dernier, avec trois films parmi la soixantaine qu’il réalisa.
Terminons avec l’Enfance de l’Art, et un dernier crochet par le Japon des années 50 avec Bonjour de Yasojiru Ozu, précédé du court métrage Tigres à la Queue Leu.
Excellente semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action