Scroll down
L'Édito

Il était une fois en numérique.

L'Édito

Il était une fois en numérique.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le monde bouge, et le Grand Action aussi. Depuis quelques semaines, vous avez été nombreux à découvrir certains films (La Nuit du Chasseur, de Laughton ou La Piscine, de Deray) en copie numérique dans notre salle Club. Ce mercredi, le dernier né et le plus performant des projecteurs numériques 2K du fabriquant Christie (la référence), le CP2230, entre en action dans notre salle pano. Un bonheur n’arrivant jamais seul, nous inaugurerons ce fabuleux projo (vous verrez de vos yeux) avec la toute nouvelle copie de Il Etait une Fois en Amérique. D’où le titre un peu excentrique de ce courriel. Rassurons toutefois les amoureux de la pellicule : nous conservons bien évidemment nos projecteurs argentiques. Et comme le dit Mathieu (c’est le garçon sympathique et barbu que vous voyez parfois à la caisse) : « Tant qu’il y aura des films en 35mm disponibles, la Cinémathèque et le Grand Action en projetteront ».
Au cinéma, la technique n’est qu’un support de l’art, et parlons donc de cette sublime fresque lèonesque, dernier film achevé du grand Sergio. Pourtant, il fut long à accoucher de ce troisième « Il était », dernier volet de la trilogie qui évoque les grands moments de l’histoire américaine. Pas moins de 12 ans s’écoulèrent pour que naisse ce film dont le premier montage durait près de 5 heures ! Réduit à 3h49, Il Etait une Fois l’Amérique demeure un immense film, plein de l’emphase, de la grandeur, de la folie et du génie de son réalisateur. Pour mener son propre projet sur les bas-fonds de New York, Leone refusa de tourner le Parrain (et le laissa à Copolla). Et pour adapter le roman de Harry Grey, The Hoods, il épuisa 8 scénaristes. Heureusement que Sergio put se reposer (façon de parler) sur son complice Morricone, qui signe une musique d’anthologie. Après l’ouest et la révolution mexicaine, voici donc le Lower East Side et Brooklyn, entre mafia, prohibition et querelles ethniques. Nous suivons la carrière de deux adolescents Juifs dans le ghetto, du petit trafic à la prohibition. Robert De Niro est le héros de cette saga, en compagnie de James Woods, Elizabeth McGovern, et d’un jeune acteur trapu qui deviendra son acolyte attitré devant la caméra de Scorsese : Joe Pesci. Présentée cette année à Cannes Classique, lors du dernier festival, la copie numérique que nous avons le bonheur de vous présenter donne une nouvelle ampleur à ce film.

Le reste de notre programmation poursuit les projections de nos films des dernières semaines, avec, à tout seigneur, tout honneur, Midnight in Paris, où Woody Allen explore notre capitale réelle et fantasmée avec élégance, humour et liberté. On pourra aussi voir quelques rescapés de notre cycle Science-Fiction : Phase IV, chef d’œuvre graphique où Saul Bass nous entraine dans un terrifiant voyage au cœur d’une fourmilière, ExistenZ, où Cronenberg imagine l’avenir cauchemardesque du jeu vidéo, Le Monde, la Chair, le Diable, où Ranald MacDonald filme Harry Belafonte dans un désert urbain post apocalyptique, et les Damnés, où Joseph Losey suit d’étranges enfants irradiés.
Dans un tout autre genre, Michael Powell et Emeric Pressburger suivent des nonnes dans le Narcisse Noir, les entrechats de jeunes danseurs dans Les Chaussons Rouges, Mitchum poursuit toujours de pauvres enfants dans La Nuit du Chasseur, de Charles Laughton, et le marshal « True Grit » Cogburn le meurtrier du père de Mattie Ross devant la caméra des Coen. Jacques Deray plonge avec Delon, Schneider, Ronet et Birkin dans la Piscine et Hector Babenco dans l’enfer carcéral et la fuite imaginaire du Baiser de la Femme Araignée.
L’Enfance de l’Art, enfin, nous emmène pour le voyage de Max, filmé par Spike Jonze : Max et les Maximonstres.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action