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L'Édito

Hommage et pin-up.

L'Édito

Hommage et pin-up.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Avant d’aborder notre programme hebdomadaire, qui sera consacré aux pin-up, tout comme le nouvel album de cinéma d’Armand Colin, nous voudrions adresser une pensée à nos chers disparus. Car le petit monde du cinéma n’est pas épargné en ce début d’automne : après Corneau, voici notre cher vieux Chabrol qui quitte la table, suivi de près par le grand Arthur Penn (nul doute que nous projetterons prochainement certains de ces chefs d’œuvre, le Gaucher, Bonnie and Clyde, Little Big Man, ou le moins connu Georgia), et le lendemain, ce drôle de séducteur de Tony Curtis. Si les téléspectateurs des années 70 se souviennent de Danny Wilde d’Amicalement Vôtre (auquel l’irremplaçable Michel Roux prêtait sa voix), les cinéphiles n’ont pas oublié le travesti de Some Like It Hot, ni que Tony fut l’un des comédiens fétiches de Richard Fleischer, à qui nous consacrons une rétrospective. Fils bâtard et rebelle dans les Vikings, il obtint ce qu’il considérait comme son meilleur rôle dans l’Etrangleur de Boston, un sombre contre emploi manifeste, puisqu’il interprète le « héros ».

Mais avant Fleischer, il y a les pin-up – poupoupidou – auxquelles les Editions Armand Colin consacre l’ouvrage que méritaient ces sublimes créatures, sans lequel le cinéma ne serait pas tout à fait ce qu’il est. Née du désir de l’homme, la pin-up d’aujourd’hui n’est plus un objet. Au contraire, elle incarne même un nouveau pouvoir féminin qui use de ses généreux attributs pour parvenir à ses fins. Active ou passive, la pin-up demeure au cinéma une figure incontournable de la magie et la fascination de l’écran. Nous en retrouverons cette semaine différents types : maléfique créature interprétée par Elsa Lanchester dans la Fiancée de Frankenstein de James Whale, vamp sculpturale et vénéneuse, interprétée par Jane Russel et hantant Macao, le Paradis des Mauvais Garçons de Josef von Sternberg, l’irrésistible Marilyn, bien sûr, perturbant les 7 Ans de Réflexion de Billy Wilder, la mythique Marlene Dietrich, vedette en bas jarretelle de l’Ange Bleu, toujours de von Sternberg, et le bain d’Anita Ekberg, dans la Dolce Vita fellinienne. Les pin-up contemporaines, toutes aussi dangereuses que leurs prédécesseurs, seront représentées par Holly Hunter, nuisible conductrice dans Crash de David Cronenberg, et par les redoutables tueuses de Planète Terreur, de Robert Rodriguez, un film Grindhouse, du nom du diptyque que ce film d’épouvante forme avec le Boulevard de la Mort, de Tarantino. Notez aussi que la soirée de vendredi sera illuminée par la présence des auteurs de l’ouvrage, Mélanie Boissonneau et Laurent Jullier, et suivie d’un cocktail offert par les Editions Armand Colin après la projection de 7 Ans de Réflexion.

Si les blondes sulfureuses, les brunes ravageuses et les baigneuses provocantes règnent sur la salle panoramique, la salle club ouvre de larges fenêtres sur le petit monde de Richard Fleischer. Fils de Max, l’inventeur de Popeye et Betty Boop, ce réalisateur protéiforme a exploré différents genres cinématographiques, à commencer par la grande fresque épique des Vikings, évoquée plus haut, ou la science fiction crépusculaire sous le Soleil Vert. L’essentiel de sa longue carrière, Fleischer l’a toutefois consacrée au thriller et au film noir : l’Etrangleur de Boston (avec, donc, Tony Curtis), L’Enigme du Chicago Expressl’Assassin sans VisageLes Flics ne dorment pas la Nuit, en sont d’excellents exemples, que nous vous proposons de voir ou revoir cette semaine. Avant la prochaine réédition du Voyage Fantastique, l’un des ses grands crus, en salle à partir du 20 octobre.

Pour le reste de la programmation, toujours Abattoir 5, de Georges Roy Hill, où Billy Pilgrim erre entre traumatismes du passé, fantasmes au futur, et tragédies burlesques du quotidien, au son du piano de Glenn Gould. Et toujours Grégory Peck, étoile dont le récent festival (qui devrait reprendre la semaine prochaine) laisse traîner quelques poussières : la Maison du Docteur Edwards, thriller psychologique d’Alfred Hitchcock, et les Nerfs à Vif, remake de Scorsese où Gregory Peck, héros de la version originale, fait une apparition.

Terminons cette lettre avec le traditionnel rendez-vous de L’Enfance de l’Art. Dimanche à 14, voyage dans les Antilles d’avant, avec Rue Cases-Nègres, d’Euzhan Palcy 
A la semaine prochaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action