Hommage au cinéma.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Semaine après semaine, nous rendons de vibrants hommages aux cinémas, à tous les cinémas. Hommage à Shakespeare et à ses adaptateurs, hommage à De Palma, dont le Passion est toujours en vedette, et surtout hommage à Alexeï Guerman, passionnant réalisateur russe décédé récemment. Avant de détailler notre programme, qui consacre encore quelques séances tarantinesques à Django Unchained, voyons l’événement de la huitaine.
Il est organisé à l’instigation de l’Inserm qui fait son cinéma. Dans le cadre de la semaine du cerveau, nos médecins cinéphiles convient un spécialiste à évoquer l’hystérie. Mercredi à 20h, le Professeur Jacques Poirier, Professeur honoraire des Universités Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, débattra avec la journaliste Françoise Pétry, Rédactrice en Chef de Cerveau & Psycho. Pour introduire cet échange sur les méandres de nos cerveaux, sera projeté Augustine. Attention, il ne s’agit de la récente version d’Alice Winocour, mais d’un très esthétique moyen-métrage de Jean-Claude Monod et Jean-Christophe Valtat. Dans un noir et blanc élégant, le film retrace l’arrivée à l’hôpital de la Salpêtrière en 1875, d’une jeune fille atteinte de curieux symptômes. Tout en faisant avancer la recherche sur les maladies mentales, et notamment l’hystérie, le fameux professeur Charcot, dont nous célébrons le 120ème anniversaire de sa disparition, fera de cette Augustine son cobaye préféré, mais aussi un objet de désir.
L’autre événement de la semaine, c’est l’hommage que nous rendons à Alexeï Guerman. Certains d’entre vous ne connaissent peut-être que de nom ce grand du cinéma russe, mort en février dernier à l’âge de 74 ans. Il est aussi largement excusable que d’autres n’aient jamais entendu parler de Guerman. Le cycle que nous lui consacrons est l’occasion de combler cette lacune et de découvrir une voix souvent discordante, tant de la bienséance cinématographique que des obligations soviétiques. Né en 1938 à Leningrad, il est mort à Saint-Pétersbourg. Si lui n’a pas bougé de sa ville, le monde qui l’a entouré à, lui, beaucoup changé et il sut en être un observateur pointu. Fils d’un écrivain, dont les œuvres inspirèrent deux de ses films, Guerman ne réalisa que 5 longs-métrages, dont trois furent censurés et durent attendre la Perestroïka pour être vus. Nous projetterons 4 films de Guerman, soit presque une intégrale, la vie ne lui ayant pas laissé le temps d’achever le sixième qu’il était en train de tourner. Alors venez découvrir une œuvre parfois âpre mais passionnante. Nous verrons La Vérification, réalisé en 1971 et censuré, 20 jours sans Guerre, sans doute son chef d’œuvre, Mon Ami Ivan Lapchine, et Khroustaliov, ma Voiture, son film le plus connu qui restera donc le dernier.
Autre cycle, celui dédié à Shakespeare à l’écran. Et nul doute que le génie Anglais eut adoré certaines des lectures qui furent données de ses pièces, même – et peut-être surtout – lorsque que les réalisateurs firent preuve d’irrévérence. Sûr que César doit Mourir, où les Frères Taviani font relire son Jules César par des taulards l’aurait ravi, tout comme le plus orthodoxe Jules César de Mankiewicz. Si Laurence Olivier donne un Hamlet classique, Grigori Kozintsev le russifie (Hamlet sur une adaptation de Boris Pasternak). Aki Kaurismäki tort le mythe dans Hamlet Goes Business, tout comme Lubitsch qui ne garde que le début de sa tirade, To Be or Not Be, pour une flamboyante comédie. Richard Loncraine transpose Richard III dans les années 30, et Pacino le « pacinise » dans Looking for Richard. Nous verrons aussi un Roi Lear nippon (Ran, de Kurosawa), une vision moderne et trash des rois Henri et William (My Own Private Idaho, de Gus Van Sant), et deux lecture de la Tempête, une new yorkaise signée Paul Mazursky, avec Gena Rowlands et John Cassavetes, et une audacieuse que nous offre Peter Greenaway dans Prospero’s book.
Nous l’avons déjà écrit : nous adorons De Palma. Et, dans Passion, son dernier film, il retrouve son terrain de jeu préféré : mensonge, voyeurisme, sexe, manipulation, pouvoir, trahison, et meurtre pour finir. Remake du dernier film de Corneau, Passion raconte la guerre de trois jeunes et belles femmes qui, derrière leur silhouette sexy et leur sourire autant carnassier qu’enjôleur, cachent une âme noire. Réjouissant.
Non sans vous répéter qu’il est encore possible de voir Django Unchained, terminons avec l’Enfance de l’Art qui, dimanche à 14h, nous emmène voler avec Peter Pan, dans la version Disney 1953 de Clyde Geronimi.
Excellente semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.