Grandeur et misère des dictatures.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
La semaine est historique, avec deux films qui, dans deux genres très différents, évoquent l’histoire récente. Celle de l’Afrique des années 70 avec le Dernier Roi d’Ecosse (The Last King of Scotland), de Kevin Macdonald, et celle de l’Europe de l’après-guerre, avec The Good German (l’Ami Allemand) de Steven Soderbergh.
Mais, même si ces deux films s’inspirent de faits réels, ce sont bien des œuvres de fiction originales, servies toutes deux par de grandes performances d’acteurs.
Forest Whitaker compose un terrifiant et attachant Idi Amin Dada, sanglant maître de l’Ouganda de 1971 à 1979. Pour pénétrer l’intimité du tyran, Kevin Macdonald a adapté le livre de Giles Foden. Cette narration est organisée autour d’un jeune médecin écossais fictif qui, pour échapper à la pesanteur du cabinet familial, part à l’aventure dans un dispensaire ougandais. Par hasard, il rencontre celui qui se fait appeler – entre autres – le Dernier Roi d’Ecosse et vient de prendre par un coup d’état les rênes du pays. Le médecin deviendra le conseiller personnel du dictateur. Aveuglé par la carrure et le charisme d’Idi, à l’instar d’une bonne partie de l’Occident, le jeune docteur ne voit pas qu’il soutient un monstre sanguinaire et paranoïaque. Près de 500 000 personnes en mourront.
Autre genre et autre époque, pour The Good German et ses prestigieux amis : le craquant Clooney et la séduisante Blanchett forment un beau couple, menacé par le fourbe Tobey Maguire qui a troqué son costume d’araignée pour celui d’un authentique salaud. Mais l’affiche ment et joue. Elle ment sur une nostalgie cinématographique et s’amuse à en casser les codes. Dans le Berlin détruit de l’après-guerre, les héros sont des lâches et les méchants sont aussi des victimes.
Soderbergh compose un noir et blanc virtuose, mais il montre la face grise d’un monde corrompu. Son Ami Allemand est un très séduisant film en trompe l’œil, qui emballe le vice dans l’élégance.
Toujours soucieux de son jeune public alors que débutent les vacances, le Grand Action le convie à venir dimanche matin Sur la Piste des Mohawks (Drums Along the Mohawks). Armé d’un technicolor que ne rendra jamais aucun écran plasma et d’un Henry Fonda inoubliable, John Ford compose un hymne grandiose aux pionniers de l’Amérique. Du cinéma, du vrai, proposé dans le cadre de l’Enfance de l’Art. Pendant ce temps, Al Gore nous expliquera comment sauver la planète dans Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth).
Février étant court, mars arrive à grands pas, avec de nouveaux événements. Notez notre ciné-concert-goûter du mois, dimanche 11 à 16h, Charley Chase Follies, des courts métrages rares de l’une des stars du burlesque hollywoodien. Il travailla avec Mark Sennett et Chaplin, avant d’inventer un personnage fringant et sautillant dans un monde qui se dérègle. Pour accompagner le gagman, un homme orchestre : Patrick Moriceau, son piano, sa clarinette et ses petits instruments. Un spectacle sur l’écran et dans la salle, suivi des douceurs de l’Intendance Suivra.
Nous retrouvons notre fournisseur officiel de plaisirs gustatifs le mardi 13 à 20h, à l’occasion du Club Positif au Grand Action. Ce sera également un ciné-concert puisque L’Eventail de Lady Windermere (Lady Windermere’s Fan) est un film muet, adaptation d’Oscar Wilde par Ernest Lubitsch. Sublime, forcément sublime.
Excellente semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy
L ‘équipe du Grand Action