Go Hugo et Go les événements.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le doublement du « go » du titre est une référence à Go Go Tales, les histoires des Go Go girls du Paradise, le cabaret filmé par Ferrara ; Hugo, c’est bien sûr Cabret, le gavroche scorsesien à la recherche d’un mystère et de la magie de Méliès, et les événements, on en parle tout de suite.
Il seront au nombre de deux cette semaine avec, par ordre chronologique, l’Enfance de l’Art, nos spécialistes du jeune public dont nous fêterons leurs 10 ans mercredi à 14h avec la Permission de Minuit, et le Club Positif, rendez-vous mensuel de notre revue cinéphilique préférée, qui nous convie à une projection commentée des Félins, de René Clément.

Pour célébrer la première décennie de l’Enfance de l’Art, nous avons invité Delphine Gleize et Quentin Challal, respectivement réalisatrice et acteur de La Permission de Minuit, très joli film sur la différence et l’amitié d’un jeune patient et son médecin, interprété par le toujours juste Vincent Lindon. La séance de 14h à laquelle nous vous espérons nombreux sera présentée par Delphine et Quentin, qui resteront pour débattre après le film et pour le goûter qui prolongera le plaisir au Grand Bar.

Mardi 21 à 20h, Positif a choisi d’organiser son Ciné-Club autour d’un thriller sensuel de 1964, où René Clément, par le soin maniaque de ses cadres et de sa lumière (signée Henri Decaë), prend le contre-pied radical de la Nouvelle Vague qui était en train de prendre le pouvoir. Dans Les Félins, Alain Delon, un dragueur pourchassé par des tueurs, trouve refuge dans un villa de la côte d’Azur, entre deux femmes, une quadra séduisante (Lola Albright) et une jeune première (Jane Fonda). Mais est-ce vraiment un refuge ? A l’issue de la projection, Noël Herpe, éminente plume de la revue, viendra nous livrer quelques clés de ce film fascinant.

Une fois n’est pas coutume, nous allons sous-traiter une partie de cette lettre à Guillaume Loison, qui dans le dernier numéro du Nouvel Observateur, livrait son opinion sur Go Go Tales, d’Abel Ferrara. « On a rarement vu mise en scène aussi suave et déliée, caressant le corps des danseuses. Et la comédie de caractère livrée en prime fonctionne à merveille. Mue par l’énergie du désespoir et les névroses du maître des lieux (le reptilien Willem Dafoe, projection archi probable du cinéaste), elle orchestre tout ce qui se fait de mieux chez Ferrara : amour de la déglingue et des marginaux, art du contre-pied, de la divagation. Un film de clochard céleste. » En gros, on est d’accord sur tout ce qu’écrit Guillaume qui, comme nous, a succombé au charme destroy de ce film curieux et attachant où Ferrara prouve qu’il sait, et même avec de petits moyens, filmer autre chose que la violence.

Pourtant, comme le montrent ses autres œuvres de la semaine, la violence, il la filme bien. Dans l’Ange de la Vengeance, c’est celle d’une jeune sourde muette, victime et tueuse, qui doit faire payer ce qu’elle a subi ; dans The King of New York, il suit un gangster (fascinant Christopher Walken) qui, tout juste libéré de prison, reprend en main son territoire ; et dans Bad Lieutenant, ce policier armé de tous les vices, c’est Harvey Keitel qui fait régner une seule loi : celle de ses pulsions. New Rose Hotel, avec Christopher Walken, Willem Dafoe et Asia Argento, complète ce programme. Les deux derniers, vedettes de Go Go Tales, y incarnent un espion qui engage une prostituée chargée de corrompre un scientifique.

Avec en ligne de mire la cérémonie des Oscar, Hugo Cabret reprend une place due à son rang cette semaine. On pourra donc voir ce très beau conte de Noël de Scorsese en 2 ou 3D (dimanche) dans nos salles. Egalement au programme, l’inaltérable Deep End, de Skolimowski, et Mort à Venise, sublime film de Visconti avec la musique de Gustav Mahler, pour une séance unique, samedi à 14h.
Autre séance unique, dimanche à 14H, celle du Tableau, un très joli dessin animé sur la peinture de Jean-François Laguionie, que nous propose l’Enfance de l’Art qui, donc fête ses 10 ans mercredi.
Bon anniversaire à eux et bonne semaine à tous.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action