Fragments punks.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Notre titre annonce deux moments forts de la semaine, qui en comporte – vous l’allez constater – un certain nombre. D’abord, la ressortie en copie restaurée de Out of the Blue, la bombe punk que Dennis Hopper réalisa en 1980. Quant aux fragments, ce sont ceux du Retour à Reims, pavé sociologique de Didier Eribon, adapté au cinéma par Jean-Gabriel Périot, qui nous présenteront le film en avant-première samedi soir. Par ailleurs, nous suivrons les fragments d’une histoire d’amour possible Entre deux trains, de notre ami Pierre Filmon, quelques Kelly Reichardt, dont bien sûr, First Cow, et une kyrielle d’événements, que voici, par ordre d’apparition à l’écran.
Jeudi à 19h30, le Ciné-club AFSI, qui réunit les professionnels du son à l’image, nous propose de décrypter une vraie expérience de cinéma avec Annette, opéra-rock de Leos Carax sur une musique des Sparks. La projection (en 4K, of course) de ce film hautement spectaculaire pour les yeux et les oreilles, sera suivie d’un débat avec Erwan Kerzanet, ingénieur du son, Katia Boutin, monteuse parole, Maxence Dusserre, assistant son plateau et Pierre Marie Dru, superviseur musical. Ils feront résonner le son d’Annette, qui ouvrit le dernier Festival de Cannes à grand bruit.
Vendredi à 20h, Les Rendez-vous du cinéma Grec déclinent un beau programme de 5 court-métrages contemporains, tous primés dans des festivals internationaux et projetés en une seule séance : Electric Swan (Konstantina Kotzamani), Brutalia, jours de labeur (Manolis Mavris), Escaping the Fragile Planet (Thanasis Tsimpinis), Postcards from the End of the World (Konstantinos Antonopoulos), et Patision Avenue (Thanasis Neofotistos). Après, tout le monde parlera grec !
Samedi à 20h, grande soirée en présence de Didier Eribon, auteur d’un remarquable essai sociologique, Retour à Reims (Edition Fayard, 2009), et de Jean-Gabriel Périot, qui l’a adapté en 2020, exhumant de rares images d’archives et dirigeant la lecture d’Adèle Haenel. Retour à Reims (fragments) est le titre de ce film passionnant qui, en partant de l’intime de l’auteur, donne une vision de l’histoire de la classe ouvrière et de la position des femmes lors des 60 dernières années. Ce décryptage de la « domination sociale » devrait sortir au printemps prochain, en pleine campagne présidentielle. Le voir en avant-première vous donne de l’avance pour éclairer le débat.
Dimanche à 18h, retour des pros du cinéma avec le ciné-club des décorateurs, réunis pour un nouveau Du Décor à l’Écran, autour du biopic de Patrice Lumumba, homme politique et artisan de l’indépendance de la République Démocratique du Congo (RDC), assassiné en 1961. Raoul Peck a raconté son histoire dans un film éponyme, qui sera projeté en 35mm afin d’ouvrir le débat avec Denis Renault et André Fonsny, chefs décorateurs.
Nous retrouverons nos amis scientifiques d’Univers Convergents mardi 19h30 pour revoir l’extraordinaire 2001, l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, sur une copie 4K qui redonne toute sa splendeur cosmique au film. Il sera suivi d’un passionnant débat avec Jacques Arnould, historien des sciences (CNES) et Raja Chatila, professeur de robotique (Sorbonne Université). Séance gratuite, réservation obligatoire.
Deux sorties marquent aussi cette semaine. Une nouveauté, Entre deux trains, première fiction de notre ami et collaborateur Pierre Filmon qui présentera cette belle histoire d’amour, jeudi, samedi et dimanche à 18h15. Une reprise également, Out of the Blue, coup de poing millésime 1980 de Dennis Hopper. Qualifié de « bombe punk » par son distributeur Potemkine qui le réédite en 4K, ce film tourne autour de Cindy, dite Cebe, une ado déglinguée en crise, prise dans les affres de ces années destroys. Père alcoolo libéré de prison, mère junky, Cebe est une « Garçonne » qui n’a « Plus rien à perdre » pour reprendre les titres français et québécois d’Out of the Blue. Hopper, le plus cinglé des réalisateurs du Nouvel Hollywood, plonge avec talent dans la vie de Cebe, et tous ses excès qu’il a personnellement expérimentés. De la bombe, bébé.
First Cow, le dernier « western » de Kelly Reichardt est toujours à l’écran, accompagné d’Old Joy et Wendy & Lucy, deux de ses précédents opus. Et on boucle avec les deux classiques de L’Enfance de l’Art. Un de Chaplin, Les Lumières de la Ville (mercredi 14h30) et, dimanche à 14h, l’inspirateur de tous les feel good movies : Chantons sous la Pluie, de Stanley Donen.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.