Folle jeunesse.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le printemps, qui revient après l’hiver pluvieux, est l’occasion de célébrer la jeunesse. Elle se manifeste par différentes formes filmiques au Grand Action, mises en lumière par les événements et le programme de la semaine, porté par les tribulations de Lillian, l’héroïne de The Sweet East, de Sean Price Williams. Alors place aux jeunes !
Raymond et Simon Baur, tous deux mannequins, sont devenus acteurs par la grâce de Simon Rieth qui, en 2023, signait un film fantastique en réinventant le genre : Nos Cérémonies. Mercredi à 20h, le Ciné-club ESEC a invité le réalisateur et ses comédiens pour débattre autour de cette étrange d’histoire d’une jeune fratrie capable de vaincre la mort, mais pas l’amour.
Le lendemain, toujours à 20h, le Collectif jeune Cinéma nous propose de découvrir (ou redécouvrir) l’œuvre de Lionel Soukaz, pionnier du cinéma LGBTQIA+, dont les documentaires expérimentaux accompagnèrent les mouvements d’émancipation homosexuels des années 70. Quatre de ses films sont au programme de cette soirée Lionel Soukaz Encore Plus, présentée par Stéphane Gérard. Nous verrons donc En Corps +, que Stéphane a co-réalisé avec Lionnel, précédé de Vive les Jeux Olympiques capitalistes et policiers, précédé de Nu Lacté, de Lionel Soukaz (avec Othello Vilgard et Xavier Baert) et commencerons par Les Auditions de la mort, précieux témoignage de la communauté gay face au SIDA.
Jeune ébouriffé ébouriffant, Adrio Guarino convoque chaque mois des cinéastes débutants – et souvent prometteurs, voire déjà parfois couronnés, comme Alice Douard – à montrer leur réalisation. Sa sélection Merci le court #4 sera portée par le thème « corpus femina », hommage au féminin naturel en ce mois de mars. Jéremy Depuydt et Giuseppe Accardo, Aude N’Guessan Forget,Alice Douard, Manon Tacconi et Léa Jade, présenteront respectivement Pina, Anansi, L’Attente (César du Court-métrage 2024), La Bouche en cœur et Na Marei. Cette fête de la jeunesse à la caméra se tiendra samedi à 17h15 et on vous espère nombreux.
Parfois trop pressée ou trop ambitieuse, la jeunesse peut perdre des plumes. C’est cruel, mais pas nouveau. Balzac l’évoquait déjà dans les Illusions perdues, que Xavier Giannoli a porté à l’écran, reconstituant, avec Riton Dupire-Clément et Etienne Rohde, l’ambiance fébriles des gazettes parisiennes du XIXe siècle. Le chef décorateur et son assistant seront dans la salle pour revoir ce film et en débattre de dimanche à 18h, dans le cadre Du décor à l’écran.
Même la séance spéciale de la semaine parle de jeunesse. Proposée par le distributeur Carlotta, elle propose mardi à 20h Monika, où Ingmar Bergman racontait la fuite d’une jeune fille éprise de liberté.
Celle de Lillian, magnétique Talia Ryder, au cours d’un voyage scolaire, est bien moins conventionnelle. Dans The Sweet East, Sean Price Williams lui fait rencontrer, à la suite de péripéties improbables, les communautés les plus délirantes de l’Amérique d’après-Trump. Un joli monde de tarés, de complotistes imbéciles, de suprématistes conspirationnistes, de djihadistes gays et de néo-cinéastes illuminés. Ne cherchez pas de cohérence dans cette aventure qui alterne entre burlesque et drame, mais juste un immense plaisir et la rafraichissante liberté de filmer du réalisateur, grand chef-op du ciné-indé. Une fraîcheur que l’on rencontre aussi chez Asmae El Moudir, dont le documentaire intime et historique, La Mère de tous les mensonges, nous a ravis.
Bien d’autres films demeurent à l’affiche du Grand Action : Il fait nuit en Amérique, d’Ana Vaz, Sans jamais nous connaître, d’Andrew Haigh, La Zone d’intérêt, de Jonathan Glazer, et voir plus bas les 5 autres.
Mais il est déjà temps de conclure avec l’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30, Marya Zarif et André Kadi nous raconterons Dounia et la princesse d’Alep, et dimanche à 14h, nous nous envolerons avec Hayao Miyazaki pour Le Château dans le ciel.
Folle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action