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L'Édito

Fins de cycles.

L'Édito

Fins de cycles.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Si le programme de cette semaine diffère assez peu de celui de la précédente, tout va changer (ou presque) mercredi prochain. La terrible baleine Moby Dick, et ses cycles associés – celui consacré à son réalisateur, John Huston, et celui qui célèbre d’autres Périls en Mer – vont quitter l’écran mardi prochain. A leur place, une rétrospective David Cronenberg pour annoncer la ressortie sur copie neuve de La Mouche, terrifiant chef d’œuvre, le 7 décembre. Ensuite, le 14, ce sera Hugo Cabret, le dernier Scorsese, mais nous y reviendrons. Car en attendant, c’est Werner Herzog que l’on célèbre en 5 films, en attendant un sixième la semaine prochaine, La Grotte des Rêves Perdus, extraordinaire documentaire en 3D sur la grotte Chauvet.

Werner Herzog a appris le cinéma tout seul comme un grand. A peine sorti de l’adolescence dans une Allemagne en pleine reconstruction, il réalise quelques courts métrages artisanaux, puis étudie l’histoire et la littérature, tout en travaillant comme soudeur de nuit dans une aciérie. Il trouvera son inspiration de cinéaste dans le voyage (Soudan, Grèce, Mexique..) et surtout en observant le travail de quelques grands maîtres : Lang et Murnau. Fort de ces sources, Herzog va bâtir une œuvre éclectique mais cohérente, d’une stupéfiante beauté formelle et où l’on sent la fascination de la folie. De la grande production de ce travailleur acharné, nous n’avons retenu que quelques films marquants, fictions et documentaires. D’abord le mythique Aguirre, la Colère de Dieu, genèse de la collaboration avec Klaus Kinski, conquistador perdu au milieu de la jungle amazonienne. Il interprétera aussi Nosferatu, Fantôme de la Nuit, hommage de Herzog au vampire imaginé par Murnau, d’après Bram Stoker, en 1922. Le regard de dingue de Kinski répond brillamment à l’allure hiératique qu’affichait Max Schreck 56 ans plus tôt. Autre remake, qui est d’ailleurs plus un sequel comme on dit maintenant, Bad Lieutenant, Escale à la Nouvelle Orléans, où Nicolas Cage reprend le personnage de flic détraqué et corrompu créé par Harvey Keitel pour Ferrara. Mais Herzog, fidèle à sa réputation de cinéaste de l’impossible, s’est aussi attelé à des documentaires. Nous en verrons deux cette semaine, particulièrement stupéfiants. D’abord Grizzly Man, où le réalisateur filme deux passionnés des grands ours au destin tragique, et l’Echo d’un Sombre Empire, portrait de Bokassa 1er, sanguinaire dictateur d’opérette en Centre-Afrique. La semaine prochaine, nous projetterons en 3D La Grotte des Rêves Perdus, où Herzog ramène des profondeurs de l’Ardèche de sublimes images de peintures vieilles de 33000 ans.

C’est donc la dernière semaine pour venir traquer Moby Dick avec le capitaine Achab et l’équipage du Pequod. John Huston a tiré la moelle du roman de Melville, réussissant à faire d’une adaptation hollywoodienne un film personnel. Fin aussi pour le cycle consacré à Huston, avec quelques réalisations marquantes de l’éclectique grand John, faiseur de westerns (Le Trésor de la Sierra), de polars (Quand la Ville DortKey Largo), de fresques épiques (L’Homme qui Voulut Etre Roi), de films de guerre (Griffes Jaunes), mais aussi de mélos (Reflets dans un Œil d’Or) et de drames (Nuit du L’Iguane, Gens de Dublin).
Cette semaine marque aussi le retour au port de notre cycle Périls en Mer. Dernière chance d’embarquer sur le drakkar Des Vikings, de Fleischer, sur la goélette du Pirate, de Vincente Minnelli, sur la frégate du Cygne Noir, de Henry King, et le trois mats de sa Gracieuse Majesté, où s’opposent Russel Crowe et Paul Bettany, alias Master et Commander.

Sur nos écrans restent encore quelques films plus anciens, même s’ils sont récents, comme Un Eté Brûlant, dernier film de Philippe Garrel. Toujours visible aussi le Deep End, de Skolimowski. Et puis le dernier mot pour l’Enfance de l’Art qui, samedi à 16h et dimanche à 14h, nous promet Les Quatre Cents Coups, inoubliable premier long métrage de François Truffaut avec le tout jeune Jean-Pierre Léaud.
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action