Fin d’année by the sea.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le film de cette fin d’année, Manchester by the Sea, est au programme du Grand Action : un bouleversant drame de Kenneth Lonergan unanimement salué par la critique. A ses côtés, quelques séances des films que nous avons récemment soutenus (Freaks, Close Encounter with Vilmos Zsigmond, présenté par son réalisateur Pierre Filmon, La Mélodie du Bonheur et son goûter dominical, Taxi Driver) et un Cycle Werner Herzog pour accompagner son dernier opus, Salt and Fire. Signalons aussi un beau programme de l’Enfance de l’Art, et un Ciné-Club Louis Lumière dont on vous parle en fin de lettre.
C’est une Amérique dont on parle peu et que l’on voit rarement au cinéma ; loin des introspections ou des folies New Yorkaises, du soleil frelaté ou de la violence des gangs de LA, loin des prolos de la Rust-Belt, des paysans du Mid-West et des néons de Vegas, voici Manchester by the Sea, paisible village de pêcheurs de la côte Est, filmé dans le rude hiver du Massachussetts. Lee a quitté Manchester il y a fort longtemps pour une sale raison (on la découvre dans le film) qui a fait de lui un être mutique et lunatique. Il revient dans des circonstances tout aussi tragiques : la mort brutale de son frère, qui lui laisse autorité sur son neveu, un adolescent attachant. Casey Affleck, acteur formidable et rare que l’on oublie entre deux grands rôles pour mieux le redécouvrir, interprète cet homme cassé qui traine sa misère de vivre. Dans la ville de sa jeunesse où l’on peut imaginer qu’il fut heureux, Lee retrouve les traces de ce qu’il fuit, notamment son ancien amour (Michelle Williams, à fleur de peau) avec qui il partage une douleur. En un peu plus de 2 heures, ces êtres fracassés vont tenter de se consoler et de retrouver le goût de la vie. Le scénariste de Gangs of New York, Kenneth Lonergan signe là son troisième film, et sans nul doute le plus réussi. Il montre qu’entre productions consensuelles, franchises marveliennes et films indés fauchés, il existe une autre voie pour le cinéma américain : celle de tourner juste des sujets forts, en dirigeant les bons acteurs dans le sens des personnages qu’ils incarnent. Nous qualifiions en début de lettre Manchester by the Sea de film de cette fin d’année. Il se peut que ce soit celui de l’année. Allez le voir avant que ne commence la suivante.
Né à Munich en 1942, il a monté la Werner Herzog Filmproduktion en 1963 et reçu sa première récompense en 1968 pour son premier long métrage (un Ours d’Argent pour Signes de Vie). Avec Fassbinder et Wenders, Herzog est le précoce troisième mousquetaire du cinéma allemand des années 60 et 70, et il est toujours à l’œuvre puisqu’il vient de signer Salt and Fire. Le Cycle que nous lui consacrons lors de cette quinzaine de fêtes vous permet de voir ou revoir une vingtaine de ses fictions et documentaires, car l’homme a toujours réalisé les deux. Un grand pan de sa belle et riche carrière est donc à portée d’écran ; si vous avez des trous dans sa filmographie, c’est votre chance.
Outre les films cités en début de lettre, nous verrons aussi ceux proposés par l’Enfance de l’Art. Si Monsieur Bout de Bois, dessin animé britannique de Jeroen Jaspaert et Daniel Snaddon, s’adresse prioritairement aux plus jeunes, Retour vers le Futur, film culte des années 80 de Robert Zemeckis, est à mettre devant tous les regards. On le reverra avec plaisir !
Prochaine lettre le mercredi 4 janvier, donc le lendemain du mardi 3 qu’illuminera un Ciné-Club Louis Lumière. Eric Gautier viendra nous commenter son travail sur Pola X, étrange et libre adaptation d’un roman de Herman Melville signé Leos Carax en 1999.
D’ici là, on se sera dit bonne année ; comme on ne peut pas encore le faire, on se contentera d’un simple mais sincère bonnes fêtes à tous.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA