Une famille vient d’emménager dans une grande maison neuve. Le père, Dong-sik, enseigne la musique dans une usine pour femmes. Afin de soulager son épouse qui souffre de fatigue, il accepte d’accueillir une servante recommandée par une jeune ouvrière à qui il donne des cours particuliers de piano et qui ne le laisse pas indifférent. Possédant un comportement ambigu, la nouvelle venue s’amuse à espionner les conversations ou à effrayer les enfants. Lorsqu’elle entame une liaison avec Dong-sik, le foyer tombe lentement sous l’emprise de la servante…
Œuvre révérée par de nombreux réalisateurs coréens contemporains, La Servante est un mélodrame paroxystique et cruel qui met en scène la vampirisation d’une famille ordinaire par une jeune femme diabolique. Entre Jean Genet et Joseph Losey, le film de Kim Ki-young agit comme un révélateur des névroses de la société coréenne : désir d’adultère, machisme domestique, pulsions autodestructrices. Résolument critique, ce conte moderne et noir est chargé d’une énergie du désespoir qui lui confère une virtuosité sans égal. Le cinéaste met en présence des corps prédateurs qui s’épient ou se font épier, et réalise un film presque entièrement tourné en huis-clos dans un décor de maison qui ressemble à une cage de verre. Chef-d’oeuvre d’un grand cinéaste enragé, La Servante est présenté dans une version restaurée en numérique qui nous permet enfin de découvrir ce classique du cinéma asiatique !