Frankie Dane (le jeune John Cassavetes) est le leader d’un gang de voyous, les Hornets. Publiquement humilié par Mc Allister, membre d’une bande rivale, il décide de le tuer. Mais seuls deux de ses acolytes acceptent de l’aider, le reste de la bande, effrayé, s’y refuse, notamment son propre frère. La scission provoquée par ce projet fou va mettre la puce à l’oreille de Ben Wagner, un travailleur social, qui tentera de mettre un frein à cette escalade de violence. Tourné dans le périmètre fermé d’un seul et même quartier, Siegel exprime avec justesse le sentiment de vase clos ressenti par ces jeunes, « enfermés dehors », sans repères familiaux ni perspectives d’avenir. Il utilise les codes du film noir, en vogue à l’époque, dans une mise en scène dramatique et théâtrale. Après La Fureur de vivre de Nicholas Ray, et avant West Side Story de Robert Wise, Don Siegel s’intéresse lui aussi à l’émergence d’une culture jeune et du phénomène des bandes dans la société américaine des années 50. Mais, loin de s’engouffrer dans la diabolisation, il analyse, avec le regard d’un sociologue progressiste, les causes psychologiques de cette nouvelle violence.