Angstel attend Zelda devant un cinéma où l’on projette l’Aurore de Murnau - mais Zelda ne vient pas. Il voit alors sa dernière chance s’évanouir. Tout lui devient insupportable – ses amours ratées, son talent littéraire gâché, et la conviction d’être devenu étranger à lui-même et au monde… C’est alors qu’il croise Ancetta, danseuse au Wasted.
Dans ce capharnaüm artistique qui participe du plaisir gourmet du cinéaste, Ossang témoigne d'un goût irraisonné pour la musicalité du langage. D'où des dialogues qui semblent truffés de rimes, ce qui nous rappelle que le réalisateur est aussi poète. En restant dans ce registre ludique de l'énonciation, Ossang retrouve la magie obsolète des romans d'espionnage ou des BD de notre enfance. Il en va de même pour les noms de lieux, de personnages, évoquant de vieilles séries B, la littérature, ou le rock'n'roll, avec Vince Taylor, nom du personnage joué par Joe Strummer, idéal en aviateur rebelle, au franglais à couper au couteau. En effet, le vrai Vince Taylor, dont "l'anagramme est Victory Lane" (dixit Strummer dans le film), a réellement été pilote d'avion avant de devenir chanteur de série B. Puis il sombra dans l'oubli, non sans avoir servi de modèle au Ziggy Stardust de Bowie. Qui d'autre qu'Ossang pourrait encore se souvenir de cette légende ? L'aura du loser magnifique, pierre de touche du rock, plane sur cette épopée, bercée par les accents industriels de Messagero Killer Boy, le propre groupe du cinéaste depuis 1980, et quelques litanies idoines signées Nick Cave, le Gun Club ou les Stooges.