Lors d’un concert punk-rock laborieux, un accident ridicule (plus le fait qu’il trouve sa fiancée au lit avec un autre garçon) perturbe Stefano. À 36 ans, ce guitariste qui passe ses nuits sur des canapés défoncés back-stage, a une voiture pourri et sa carrière derrière lui. Alors il retourne vers ses racines, une belle maison provinciale où le père, après son infarctus, a confié au fils aîné les rênes de la fabrique familiale de cerises à l’eau-de-vie pour se consacrer au golf. Mais, là-bas non plus tout ne tourne pas rond. La fabrique est en faillite, le frère en crise conjugal, la fille parle aux dauphins et la mère s’ouvre les shakras. Le retour de Stefano permettra-il de reconstruire la cellule familiale en plein doute ?
Gianni Zanasi est un cinéaste exigeant, disciple de Nanni Moretti dont il suivit la formation. Repéré en 1992 lors de sa première réalisation, La Belle Prove (les Beaux Essais), un court-métrage qui inspirera son premier long, Nella Mischia (Dans la Mélée), Zanasi traite des thèmes de l’enfance et la famille. Sélectionné en 2007 à Venise où il obtint le Prix de la Critique Italienne (Meilleur film), Ciao Stefano est un film de la maturité : les obsessions zanasiennes ont pris de la hauteur et de la bouteille. On peut voir Ciao Stefano comme un film léger, une comédie familiale très italienne. Mais, derrière ce séduisant vernis, le tragique perce. A l’image de sa vision de la famille, Zanasi porte un regard lucide sur une société décomposée, comme le prouve la récente élection de Berlusconi. Les portes des voitures sont coincées, les bocaux tombent au sol, les usines ferment, les parents démissionnent, les bons maris s’amourachent de prostituées, les étudiantes abandonnent l’université pour faire danser les dauphins. Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Italie, mais pourtant, la vie, le rire et l’espoir battent toujours dans les cœurs. Le titre original du film est « N’y pense pas ». Vous n’êtes pourtant pas près d’oublier Stefano.
Bernard-Pierre Molin