Kim Sohee est une lycéenne au caractère bien trempé. Pour son stage de fin d’étude, elle intègre un centre d’appel de Korea Telecom. En quelques mois, son moral décline sous le poids de conditions de travail dégradantes et d’objectifs de plus en plus difficiles à tenir. Une suite d’événements suspects survenus au sein de l’entreprise éveille l’attention des autorités locales. En charge de l’enquête, l’inspectrice Yoo-jin est profondément ébranlée par ce qu’elle découvre. Seule, elle remet en cause le système.
C’est donc bien le système qui s’érige en machine implacable et qui broie à la fois ceux qui le nourrissent et ceux qui le dénoncent.
La violence, au cœur de toutes les interactions du film, est en fait l’unique moyen de communication dans les sphères professionnelles et intimes, culminant dans la violence que l’on s’inflige à soi. On pense parfois au Procès de Kafka, tant les strates de la bureaucratie freinent et étouffent les revendications. Le règne des chiffres, symbolisé par les classements qui ornent les murs, rend inaudible la demande d’empathie.
July Jung a nommé son film Next Sohee (la prochaine Sohee), elle suggère ainsi une continuité entre les personnages féminins. Continuité d’autant plus accentuée que Doona Bae incarnait déjà une policière dans A Girl at my Door, premier long-métrage de July Jung. Dans son nouveau film, la violence physique n’est pas l’apanage des hommes. Le comportement de Kim puis de Yujin, s’il est pointé comme anormal, ne l’est jamais au motif qu’il serait inhabituel pour des femmes.
Il faut noter que le film ne prétend pas être une parabole, mais une représentation clinique de la situation du monde du travail coréen. Son traitement par July Jung est si saisissant qu’il est actuellement question d’un changement de législation au sujet des stagiaires en Corée.
Diane Berody