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L'Édito

Fenêtre sur cours de cinéma.

L'Édito

Fenêtre sur cours de cinéma.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Lorsque la copie neuve d’un Hitchcock arrive sur le marché, le Grand Action tente de l’obtenir. Et souvent y parvient. Ce fut le cas pour Frenzy, toujours à l’affiche ; ça l’est encore pour Fenêtre sur Cour (Rear Window), l’une des plus belles leçons de cinéma du maître du suspense, programmée cette semaine.

Cette semaine aussi, nos amis de l’INREES nous convient à une nouvelle expérience extraordinaire. Que Sait-on Vraiment de la Réalité !? (What the Bleep do we Know !?) est un étonnant docu-fiction collectif réalisé en 2007. Son titre ambitieux résume la très-très vaste problématique abordée, d’ailleurs ardue à traiter en moins de deux heures. Comme toujours lors des soirées de nos amis extraordinaires, ce film polémique sera au centre du débat informel qui suivra sa projection. Rendez-vous jeudi à 20h.

Dans le livre d’entretiens qu’Hitchcock accorda à Truffaut en 1962, (Editions Gallimard), le vieux réalisateur expliquait au jeune critique (mais déjà prometteur réalisateur) sa vision du cinéma. Le dialogue est brillant, pétillant et fort enrichissant pour tous les cinéphiles. A propos de Fenêtre sur Cour, Hitch expliquait que la situation – un reporter bloqué dans un fauteuil roulant et qui observe la cour de son immeuble – était l’occasion de faire « un film purement cinématographique ; vous avez l’homme immobile qui regarde au dehors. C’est le premier morceau du film. Le deuxième morceau fait apparaître ce qu’il voit et le troisième montre sa réaction. Cela représente ce que nous connaissons comme la plus pure expression cinématographique.» Hitchcock parlait ensuite de l’art du montage selon Poudovkine – cinéaste Russe réalisateur de La Mère en 1926 – et extrapolait : « Prenons un plan de James Stewart. Il regarde par la fenêtre et voit un petit chien que l’on descend dans un panier ; on revient à Stewart, il sourit. Maintenant, à la place du petit chien dans son panier, on montre une fille à poil qui se tortille devant sa fenêtre ouverte ; on replace le même gros plan de James Stewart souriant et, maintenant, c’est un vieux salaud. » C’est une grande leçon de cinéma, cet art du montage et du mensonge. Fenêtre sur Cour, avec l’inoubliable couple James Stewart-Grace Kelly, se donne sur notre écran panoramique.

Dans la salle Club, poursuite de la carrière de Frenzy, un Hitchcock tardif et british, au charme délicieusement 70’s. On y retrouve l’humour noir de Sir Alfred, car, non content d’être un grand manipulateur de spectateurs, Hitch était aussi un fameux blagueur.

Mercredi à 14h, nous retrouvons Nanouk l’Esquimau en salle club. Nous n’allons pas vous refaire l’article, mais ce chef d’œuvre de documentaire est une plongée dans l’arctique, dans le temps, et dans l’histoire du cinéma. Merci à toi Robert Flaherty, de l’avoir réalisé en 1923, et merci à toi, l’Enfance de l’Art, de nous le proposer en 2008. Merci à toi, lecteur, de ta lecture, et bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action