Fast Binder.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
A l’image des Superheroes de notre Cycle qui restent à l’affiche, et contrairement à Leone qui prend 4h11 pour la version définitive d’ Il Etait une Fois en Amérique, Rainer Werner Fassbinder est allé très vite. D’où notre titre en forme de jeu de mot anglophone pour annoncer un nouveau Cycle Fassbinder qui va s’étaler sur plusieurs semaines.
Fassbinder aurait eu 70 ans le 31 mai dernier s’il n’était mort en 1982, après avoir brûlé ses ailes et sa vie à la lumière de son immense talent protéiforme. Fils d’un médecin et d’une traductrice qui se séparent alors qu’il est enfant, Rainer échoue à intégrer l’école de cinéma de Berlin dont il rêvait, et démarre dans la vie sans diplôme. Qu’importe ! A 20 ans, il réalise ses premiers court-métrages, devient brièvement journaliste avant de s’essayer à l’écriture radiophonique puis de trouver sa voie dans le théâtre engagé. Au tournant des années 70, il crée l’Antiteater, une troupe contestataire qui bouscule les codes tout en puisant son inspiration dans la littérature classique. Hanna Schygulla, sa muse qui sera l’actrice de ses films les plus aboutis, est déjà sur scène et à l’affiche de son premier long métrage L’Amour est plus froid que la Mort, dédié à Eric Rohmer en 1969. Menant plusieurs projets de front, écrivant, produisant, mettant en scène, réalisant, indifféremment pour le théâtre, la télévision et le cinéma, Fassbinder enchaîne avec Le Soldat Américain (1970), avec Margarethe von Trotta, autre égérie du renouveau du cinéma allemand, Prenez Garde à la Sainte Putain (1971), un film sur un tournage particulièrement catastrophique, et Le Marchand des Quatre Saisons. Il commence à se faire connaître du grand public grâce notamment aux Larmes Amères de Petra von Kant, adaptation d’une de ses pièces de théâtre, et surtout à Tous les Autres s’appellent Ali, grand film sur le racisme présenté à Cannes en 1974. A raison d’un, voire deux, films par an, Fassbinder travaille d’arrache pied, finançant avec la télévision ses très libres projets cinématographiques. Suivent donc Le Droit du plus Fort, Maman Küsters d’en va au Ciel, et Roulette Chinoise, trois films qui provoquent les lois sociales et sexuelles. Après Despair, qui parle de folie, il raconte l’histoire d’une transexuelle dans L’Année des Treize Lunes, puis avec Le Mariage de Maria Braun, signe l’un des ses plus grands films, qui est aussi l’un des plus beaux rôles d’Hanna Schygulla, Allemande dans la tourmente de l’après-guerre. Deux autres grands portraits de femmes complètent ce programme : Lola, une Femme Allemande et Le Secret de Veronika Voss. Mais la carrière télévisuelle de Rainer est aussi riche. Nous verrons donc certaines de ses œuvres réalisées pour le petit écran : Le Monde sur le Fil, Je veux seulement qui vous m’aimiez, et surtout Berlin Alexanderplatz. Enorme travail que cette adaptation du célèbre roman d’Alfred Döblin sur le monde de la pègre. Fassbinder en a tirer 12 épisodes d’une heure (plus un prologue et un épilogue) que nous vous proposons par série de deux. Une œuvre monstre, et rarissime sur grand écran.
Il fallut un peu moins de temps à Léone pour nous raconter sa propre vision de ses gangsters de Brooklyn. Mais il échoua à montrer de son vivant Il Etait une Fois en Amérique dans la version qu’il avait en tête, soit 4h11. C’est celle là, restaurée et magnifique, que nous vous proposons.
Les Superheroes continuent à sauver le monde sur nos écrans. Vous retrouverez donc les deux Batman de Tim Burton et les trois de Christopher Nolan, la trilogie des X-Men, de Bryan Singer, ainsi que Superman II, de Richard Lester, V pour Vendetta, de James McTeigue, Speed Racer, des Wachowski, et Incassable, de M. Night Shyamalan.
Non sans préciser qu’il reste quelques séances pour Every Thing will be Fine, de Wim Wenders, et Hacker, de Michael Mann, concluons avec l’Enfance de l’Art qui nous propose un classique du fantastique de James Whale : L’Homme Invisible. Subtil paradoxe que de venir voir ce film en famille.
Bien bonne semaine.