Explorations.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le Procès Goldman explore la mécanique judiciaire, Jeune Cinéma l’histoire d’un festival de cinéma expérimental et À ma sœur ! les méandres d’une fratrie sororale (malheureusement, « sororie » n’est pas encore validée par l’Académie). Les deux premières explorations sont nos récentes sorties, et la troisième, réalisée par Catherine Breillat en 2000, est le choix du Ciné-club des Ecoles de mercredi 20h. Deux autres événements rythmeront la semaine : vendredi soir, Les Rendez-vous du cinéma grec nous présenteront en avant-première À l’intérieur, de Vasilis Katsoupis ; et dimanche à 18h, L’Impératrice rouge de Josef von Sternberg sera projeté dans le cadre Du décor à l’écran.
La critique Murielle Joudet, co-autrice avec Catherine Breillat du livre d’entretien Je ne crois qu’en moi, animera le Ciné-club des Ecoles de mercredi 20h. Eléna, 15 ans, est l’aînée d’Anaïs. Pendant les vacances, la première, belle comme une déesse, profite de l’absence parentale pour découvrir l’amour, et l’exhibe à sa cadette, engluée dans son mal-être et ses kilos. Dérangeant comme un film de Breillat, À ma sœur ! explore les curieux liens qui lient celles qui partagent le même sang, et ce qui les emmène vers le drame. Les amateurs de pellicule apprécieront le grain du 35 mm et regretteront la disparition des écrans d’Anaïs Reboux.
Vendredi à 20h, Les Rendez-vous du cinéma grec nous invitent à découvrir en avant-première À l’intérieur. Pour son premier long-métrage, Vasilis Katsoupis enferme Willem Dafoe, cambrioleur de haut vol, dans le luxueux appartement où il opérait. Seul face aux œuvres d’art convoitées, il va devoir survivre… et tenter de s’échapper. Spectaculaire et fascinant, À l’intérieur sortira en salle le 1er novembre. Quant à Willem, sortira-t-il ?
Dimanche à 18h, Du décor à l’écran entame sa saison en rendant hommage à un couple mythique du cinéma. Josef von Sternberg révéla Marlene Dietrich au monde en seulement six films, dont L’Impératrice rouge. Projeté en 35mm, ce film aux décors fastueux évoque l’ascension sans pitié de Catherine II de Russie. La dureté du personnage explique en partie l’échec commercial du film en 1934. Près de 80 ans plus tard, le critique Mathieu Macheret nous montrera pourquoi il est aujourd’hui considéré comme un chef d’œuvre.
On connaît l’histoire de Pierre Goldman, rebelle fiévreux, révolutionnaire armé, gangster violent, héros des intellos, ennemi de la police qui, accusé d’un double meurtre, échappa à la guillotine grâce au talent d’un jeune avocat, Georges Kiejman. Dans Le Procès Goldman, Cédric Kahn revient sur cette affaire qui divisa la France au mitan des années 70, et particulièrement sur son volet judiciaire. Mais dans ce film sec, sans une once de gras, tourné quasi intégralement au cœur de la salle d’audience dans un format 1.33, presque carré et enfermant, Kahn dépasse l’histoire et ses incertitudes. Hier comme aujourd’hui, il est bien difficile d’être innocent quand le système et la police nous veulent coupable. Goldman l’était-il ? Le réalisateur ne donne pas de réponse ; à chacun de juger, et de donner sa foi à la charge de Maître Garaud ou à la plaidoirie de Kiejman. Nicolas Briançon et Arthur Harari sont parfaits dans leur robe d’avocat, tout comme Arieh Worthalter dans le costume mal taillé du coupable idéal.
On reste dans ces années 70 avec Jeune Cinéma, un documentaire où Yves-Marie Mahé a rassemblé avec intelligence les archives du fameux Festival du Jeune Cinéma d’Hyères.Libre, expérimental, drôle, barré, refusant les dogmes, les normes et le système, ce festival fut pendant deux décennies un remarquable espace de liberté de parole cinématographique que le réalisateur nous propose de (re)découvrir. Le CJC (Collectif Jeune Cinéma), que nous accueillons souvent au Grand Action, poursuit le combat.
Concluons avec l’Enfance de l’Art qui, mercredi à 14h30, nous emmène au Far West avec Calamity, de Rémi Chayé, et dimanche 14h, dans le monde merveilleux de Kiki la Petite Sorcière d’Hayao Miyazaki. Mais rappelons toutefois que Je t’aime, moi non plus, mythe gainsbouro-birkinien, Hester Street, rareté de Joan Micklin Silver et Le Gang des Bois du Temple, accompagné d’un cycle Rabah Ameur-Zaïmeche sont toujours à l’affiche.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action