Et si ?
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ces deux mots interrogatifs composent la question clé qui anime l’esprit de tout romancier, scénariste ou conteur d’histoires. D’ailleurs presque tous les films sont nés de cette question toute simple, à commencer par La Planète des Singes, version 1968 de Franklin J. Schaffner, que nous sommes heureux de ressortir cette semaine. Et si on envoyait un homme sur la Lune ? Le pari du programme Apollo s’est concrétisé en 1969, et c’est le sujet de Moonwalk One, documentaire américain qui sert de rampe de lancement au Ciné-Club Univers Convergent du mardi 26 avril. Nous retrouverons aussi nos films des précédentes semaines : A Bigger splash, où Luca Guadagnino fait plonger un quatuor des stars (Swinton, Schoenaerts, Fiennes, et la jeune Dakota Johnson) dans une piscine d’eau acide, Midnight Special, où Jeff Nichols filme un père qui vaut sauver son fils, que tout le monde prend pour un sauveur, ainsi qu’ Ave César, brillante comédie des frères Coen située dans le Hollywood des 50’s, Le Pont des Espions de Steven Spielberg, toujours à l’affiche depuis sa sortie chez nous en décembre dernier. Enfin il est toujours possible de (re)découvrir les trois premiers films de Nichols grâce à notre Cycle Jeff Nichols.
Si le voyage interplanétaire de La Planète des Singes est pure fiction, celui d’Apollo 11 fut bien réel. Mardi à 19h30, nous découvrirons des images inédites de l’acmé de l’aventure lunaire dans le documentaire Moonwalk One. La conquête spatiale est le sujet de ce Ciné-Club Univers Convergents, dont le débat réunira l’historien Gérald Arboit, l’astronaute Jean-François Clervoy et le journaliste Pierre-François Mouriaux. Entrée libre sur réservation.
Et si la théorie de l’évolution de Darwin avait pris un chemin légèrement différent et que les singes dominaient la planète ? C’est en observant nos si proches cousins dans un zoo que Pierre Boulle s’est posée la question, et a imaginé une inversion des rôles. En 1963, il en a tiré La Planète des Singes, l’un des plus célèbres et fascinants romans de science-fiction. Il ne fallut pas plus de 5 ans pour qu’Hollywood s’en empare par le truchement d’un ancien publicitaire devenu producteur, Arthur P. Jacobs. Malgré la force du sujet, il eut quelques difficultés à embarquer une major à ses côtés, en l’occurrence la Fox, qui épongeait les pertes de Cléopâtre, et demanda même un film test ! Et malgré la présence de la star Charlton Heston, enthousiasmé par le projet, il fallut encore faire appel à deux pointures du script pour adapter le roman de Boulle et emporter le morceau. Michael Wilson, co-auteur de L’Affaire Cicéron, du Pont de la Rivère Kwaï et de Lawrence d’Arabie, fut associé à Rod Sterling, créateur de la série La Quatrième Dimension, dont l’un des épisodes donna la trame au scénario final. Heston parla du projet à Franklin J. Schaffner, avec qui il avait tourné Le Seigneur de la Guerre, et l’affaire fut enfin lancée. Avec un budget tiré par la Fox à 5,8 M$, La Planète des Singes rapporta 4 fois sa mise rien qu’aux USA, et fut un succès mondial. Le film doit beaucoup à John Chambers, qui reçut d’ailleurs un Oscar d’Honneur pour ses exceptionnels maquillages. Il dirigeait une équipe de 80 maquilleurs, qui travaillaient plusieurs heures pour chaque comédien-singe, condamné à garder son maquillage pendant les pauses, et l’on imagine que ce n’était pas très drôle. La Planète des Singes confirma l’immense carrière de Charlton Heston, et donna une nouvelle ampleur à celle de Schaffner qui, quelques années plus tard, obtint une pluie d’Oscar pour Patton, et un nouveau grand succès avec Papillon. Alors que La Planète des Singes a fait l’objet de nombreuses suites et autres adaptations, nous sommes très fiers, avec le distributeur Swashbuckler, de ressortir cette version initiale. On dit souvent que c’est la meilleure. A vous de juger.
Terminons avec les deux séances de L’Enfance de l’Art. Mercredi et jeudi, à 10h30, programme de courts-métrages pour les tout-petits avec 7, 8, 9 Boniface, et dimanche à 14h, U, la licorne de Serge Elissalde.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.