El cine latinoamericano. 

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Cette semaine va prendre un accent latino-américain avec, mardi 2 avril à 20h, l’ouverture du Festival CLaP – lors de laquelle nous verrons El Realismo socialista, un inédit de Raoul Ruiz que Valeria Sarmiento finalisa après la mort du maestro chilien – et la sortie de Los Delincuentes, que Rodrigo Moreno, son réalisateur, viendra nous présenter mercredi à 20h. La jeunesse, que nous célébrions lors de notre dernier envoi, sera encore présente avec la sélection de courts-métrages du collectif Barbelé projetée samedi à 20h, et The Sweet East, de Sean Price Williams, qui poursuit sa brillante carrière. 

Barbelé passe au Grand Action avec l’envie d’envisager « la salle de cinéma comme un laboratoire » ; c’est le crédo de ce collectif de jeunes cinéastes débordant de vitalité. Libres courts sont donc laissés à Reuben Bocobza et Julien Charpier, Nemo Tescou, Noémie Boyer di Bernardo, Garance Kim, Marina Chetboun et Ethelle Gonzales, pour nous présenter respectivement Ronflor, Le Catalogue des stades, Le Rivage de l’île, Bruit de souvenirs, Grenadine sunshine, et Hidden Springs. Venez découvrir ces films samedi à 20h en présence de leur autrices et auteurs.

L’autre événement de la semaine la bouclera, pour mieux ouvrir la suivante, avec le Festival CLaP dont nous accueillons la seconde édition du 2 au 7 avril. CLaP ouvre le bal avec l’avant-première française du film El Realismo socialista. Juste avant le coup d’état de 1973, Raoul Ruiz s’était amusé à saisir les convergences et les divergences des partisans de l’Unidad Popular qui avait porté Allende au pouvoir. La junte de Pinochet avait interrompu l’ironie bienveillante de Ruiz, que Valeria Sarmiento, monteuse attitrée et épouse du réalisateur, a récemment finalisé ; elle avait fait de même lors du décès de son mari en 2011, pour Les Lignes de Wellington, son dernier film. Elle sera avec nous pour rendre hommage à un grand cinéaste et au rêve socialiste chilien brisé par le fracas des armes. 

Ils sont bien étranges les délinquants de Rodrigo Moreno. Ce jeune réalisateur argentin avait éclos en 2006 avec El Custodio, couronné à Berlin du Prix Alfred Bauer récompensant « un film qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’art cinématographique ». 18 ans plus tard, Moreno continue d’innover avec Los Delincuentes, un curieux film de casse, sans bruit ni violence, avec un vol parfaitement réfléchi, calculé et raisonnable. Un employé de banque dérobe juste la somme d’argent nécessaire pour s’arrêter de travailler. Il la confie à un ami le temps de purger la peine de prison qu’il a prévue, mais les choses ne sont pas si simples, et le doute va s’immiscer dans la vie des deux complices, malgré lui pour l’un d’eux. Sans être membre du collectif El Pampero qui, en Argentine, produit et distribue en toute indépendance, Rodrigo Moreno défend le même romanesque bricolé qui n’est pas sans évoquer la Nouvelle Vague. Il prend aussi le temps – plus de 3 heures – pour laisser à ses délicats Delincuentes celui de digérer leur forfait, et au public d’accepter avec joie leur rêverie foutraco-utopiste. « Adondé esta la libertad » chante la B.O. sur de magnifiques plans de la pampa argentine. La liberté de filmer, elle, est dans la caméra de Moreno. Mercredi à 20h, il sera dans la salle du Grand Action pour nous présenter ce drôle de film, éclaté et éclatant. 

Libre aussi est la vision de Sean Price Williams qui, avec The Sweet East, nous offre une bulle de fraîcheur déglinguée portée par la délicieuse Talia Ryder. Les tribulations de cette lycéenne dans l’Amérique à la dérive sont un régal. 

Plein d’autres récents succès (La Mère de tous les mensonges, Il fait nuit en Amérique, Sans jamais nous connaître, La Zone d’intérêt…) conservent l’affiche et laissent une séance l’Enfance de l’Art. Elle a donc le mot de la fin avec Pingu, de Nick Herbert, que nous verrons mercredi à 14h30.

Buena semana.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action