Ecole de Cinéma
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Décidément, en ce début d’automne, l’école inspire le cinéma. Bien sûr, il y a Entre les Murs, le grand film palmé de Laurent Cantet, mais aussi La Belle Personne, la bluette chic de Christophe Honoré.
Le Grand Action propose une alternative à ce regard français et contemporain sur la vie lycéenne. Escalier Interdit raconte la rentrée d’une jeune professeur d’anglais (l’équivalent donc du prof d’Entre les Murs pour le monde anglo-saxon) dans le collège d’un quartier difficile de New York pendant les années 60. Sandy Dennis, qui débuta à la télévision avant de se faire remarquer au cinéma dans Qui a Peur de Virginia Woolf (Mike Nichols), prête son avenante plastique à Sylvia Barret, fraîchement diplômée et pleine d’illusions, dans un monde où elles se font rares. Compagne à la ville du jazzman Gerry Mulligan, Sandy Dennis fut retenue à l’écran par son homonyme, Robert, le réalisateur d’Escalier Interdit. Son jeu nerveux, que la caméra portée de Mulligan ausculte en plans serrés, correspond parfaitement à la fébrilité de la jeune professeur malmenée, tant par l’administration que par ses élèves. Cette plongée dans un collège en crise est assez oppressante et permet un constat : il y a 40 ans à New York, les rapports de force, l’exclusion, le racisme, existaient de façon aussi patentes qu’à Paris en 2008, et le savoir était déjà un espoir. Pour finir sur une anecdote, que l’on peut imaginer signifiante, le nom du collège d’Escalier Interdit rend hommage à Calvin Coolidge. Pour mémoire, ce bon Calvin fut Président (Républicain) des Etats-Unis jusqu’en mars 1929. Quelques mois avant le plus grand Krach de l’histoire économique mondiale (le plus grand, pour l’instant…), ce visionnaire déclarait aux membres du Congrés « qu’ils pouvaient regarder le présent avec satisfaction et l’avenir avec optimisme ». On dirait du Bush.
Doit-on présenter Sir Alfred Hitchcock, sans doute le plus grand manipulateur de spectateurs qu’ait connu le cinéma ? Dans les entretiens qu’il accorda à François Truffaut (Réédités chez Gallimard), le magicien livre ses secrets avec une confondante évidence. Pour annoncer des rééditions prestigieuses de deux des chefs d’œuvre d’Hitchcock (Frenzy, le 8 octobre, et Fenêtre sur Cour, le 22), le Grand Action vous propose un petit festival « Le Bonjour d’Alfred ». L’occasion de voir ou revoir Sueurs Froides, Psychose et 6 autres films de ce maître du suspense. Consultez le programme.
Au programme justement, nous avons encore cette semaine l’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison, avec le couple mythique Faye Dunaway-Steve McQueen, L’Homme Invisible, bijou fantastique des années 30 avec le non moins mythique Claude Rains dans le rôle-titre, et Fanfan la Tulipe, proposé par l’Enfance de l’Art, avec un autre mythe : Gérard Philipe. Autant de mythes, ça va finir par faire des trous.
Bonne semaine