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L'Édito

Différent et expérimental.

L'Édito

Différent et expérimental.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Ces deux adjectifs correspondent bien à notre programme de la semaine puisque ses deux temps forts sont le Festival des Cinémas différents et expérimentaux de Paris et la ressortie du Festin Nu, adaptation par David Cronenberg du roman délirant et défoncé de William S. Burroughs. Notez que toutes les séances de 20h45 s’ouvriront par Invisivel Heroi, court-métrage de Cristèle Alves Meira lauréat du prix Contis/Grand Action 2019. Trois autres événements ponctueront la semaine, dont un Club Positif mardi soir en présence de Jean-Paul Rappeneau et des pétillants Mariés de l’An II. Évidemment, nos sorties récentes conservent l’affichent. Donc ruez-vous voir Le Procès Goldman, de Cédric Kahn, et Jeune Cinéma, où Yves-Marie Mahé raconte le festival d’Hyères, ancêtre de celui que nous accueillons dès mercredi. 

Le CJC (Collectif Jeune Cinéma) poursuit la diffusion de la recherche autour de l’image et du son à travers plusieurs initiatives. Le Festival des Cinémas différents et expérimentaux de Paris, accueilli et soutenu par le Grand Action, en est l’une des plus emblématiques. De mercredi à dimanche, une quinzaine de projections thématisées (jeune public, compétition, reprises…) va rassembler les amateurs de films qui s’affranchissent de toutes conventions. C’est toujours aussi déroutant que passionnant, et l’occasion de moments étonnants et de rencontres festives. Pour prolonger le plaisir et revenir aux sources de ce festival, ne manquez pas Jeune Cinéma, l’intelligent documentaire qu’Yves-Marie Mahé a réalisé grâce aux rushes épars tournés à Hyères pendant les décennies 60 et 70. Pendant 20 ans, le festival de la cité du Var débrida l’image, libéra la parole et défricha des pistes cinématographiques.  

Dimanche à midi, ce sera la tournée de Nikos l’épicier ambulant, touchant de Dimitris Koutsiabasakos proposée par le GrecDoc. Il y aura aussi un événement lundi à 19h30 : le Directors’ Club a invité Leyla Bouzid, réalisatrice tunisienne d’Une Histoire d’Amour et de Désir, présenté à la semaine de la Critique en 2021.  Lors du débat qui suivra la projection des Silences du Palais, Leyla nous expliquera pourquoi ce film délicat et nostalgique de Moufida Tlatli l’a tant marquée. 

Mardi à 20h, nous terminerons la semaine avec un Club Positif et l’ambiance délicieuse que Jean-Paul Rappeneau sait implémenter dans ses films. Ce grand réalisateur de comédies échangera avec le public après la projection des Mariés de l’An II, en l’occurrence Jobert et Belmondo, qui s’aiment et détestent dans la tourmente de la Révolution française. Un régal mis en musique par Michel Legrand. 

On ne va pas se lancer dans un résumé du Festin Nu, roman réputé inadaptable de William S. Burroughs, auquel pourtant David Cronenberg s’attaqua. Rédigé à Tanger à la fin des années 50 sous l’influence d’une quantité déraisonnable de psychotropes, ce livre unique, éblouissant récit d’une folie, fut d’abord lu par Ginsberg et Kerouac avant d’être publié. Il émergea donc lors de la préhistoire de la contre-culture et devint vite culte, en abordant les thèmes qui choquaient la société d’alors (drogue, homosexualité, politique…) dans une logorrhée hallucinatoire. Plusieurs cinéastes tentèrent de s’en emparer, mais il fallait la dinguerie visionnaire de David Cronenberg pour y parvenir. En 1991, le réalisateur canadien puise dans le livre pour construire un film hybride qui explore autant le processus d’écriture que le récit lui-même. Le résultat est toujours aussi déroutant, mais visuellement, c’est un choc, surtout avec la restauration en 4K qui vient d’être opérée. A voir, absolument, ne serait-ce que pour en parler ensuite avec les autres spectateurs. Venez de préférence à la séance de 20h45 pour découvrir en avant-programme Invisivel Heroi, qui valut à Cristèle Alves Meira le prix Contis/Grand Action 2019. 

Le reste de notre programmation est dominé par Le Procès Goldman, retour de Cédric Kahn sur cette affaire judiciaire qui défraya la chronique des années 70. Arieh Worthalter incarne le gangster révolutionnaire et Arthur Harari son avocat, Maître Kiejman, dont les duels avec Maitre Garaud, celui des parties civiles (Nicolas Briançon, formidable), restent dans les annales des cours d’assises, et désormais du cinéma. Voyez plus bas les autres films de la semaine, et concluons, sans l’Enfance de l’Art, exceptionnellement privée d’écran.  

Belle semaine. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action