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L'Édito

Des vies violentes.

L'Édito

Des vies violentes.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Référence au deuxième long métrage de Thierry de Peretti, ce titre correspond aussi à son dernier, À son Image, qui sort cette semaine. D’une certaine manière, il propose un contre-champ féministe à Une Vie Violente qui, déjà, évoquait les combats indépendantistes corses. Une violence, plus sournoise, est aussi présente chez La Prisonnière de Bordeaux, le nouveau Patricia Mazuy, et carrément cruelle dans The Shameless, de Konstantin Bojanov, présenté mardi soir en avant-première et en ouverture du 6e Festival du cinéma Bulgare. L’autre événement de la semaine, Les 15 ans Lost Films, sera plus pacifiste. 

Le 7 septembre 2009, Marc Olry fondait sa société de distribution, avec la volonté de montrer des films, récents ou de répertoire. Quinze ans plus tard, et après avoir distribué Ragtime, The Wicker Man, The Robery, We blew it, La Rumeur, Seconds, et d’autres films « perdus », notre ami Marc fête samedi les 15 ans Lost Films au Grand Action, la salle qui l’a toujours soutenu. Il a choisi d’inviter Laurent Durieux, immense illustrateur belge, à voir deux films avec nous. A 18h, ce sera Out of the Box, portrait que Laurent Frapat – aussi présent – a consacré au dessinateur dont les re-créations d’affiches de films sont exceptionnelles (ventes et dédicaces possibles). À 21h15, Marc et ses deux Laurent présenteront The Swimmer, où Frank Perry et Sydney Pollack filmaient l’étonnant voyage de Ned (Burt Lancaster) dans les piscines de son quartier. Marc, on espère voir encore longtemps ta longue silhouette déambuler dans les couloirs de notre cinéma ; bon anniversaire. 

Nous vous parlerons plus longuement la semaine prochaine du 6e Festival du cinéma Bulgare, qui prendra alors ses aises dans nos salles. Mais ne ratez pas son ouverture, mardi à 19h30, avec la projection en avant-première de The Shameless. Présenté à Cannes, ce film de Konstantin Bojanov valut le prix d’Interprétation féminine « Un certain regard » à Anasuya Sengupta, impressionnante en prostituée indienne en cavale. Le réalisateur animera le débat à suivre.

Comédien, metteur en scène et réalisateur, Thierry de Peretti avait filmé les dérives indépendantistes corses dans Une Vie Violence en 2017. Avec À son image, il revient sur la spirale qui a fait tomber une cause respectable dans le gangstérisme, et a bouleversé son île dans les années 80 et pendant plus de 20 ans. Mais il s’appuie ici un autre personnage, féminin, qui donne donc un autre point de vue. Spectatrice – Antonia est photographe – elle aussi actrice puisqu’amoureuse d’un indépendantiste. Voilà donc le portrait fragmenté et déconstruit d’une jeune femme qui traverse son époque en quête de vérités ; celle des gens, celle des idées, celle des combats, et celle de la vie qu’elle perd trop tôt… Clara-Maria Laredo est touchante, toujours là, mais un peu en retrait, à l’abri du viseur de son appareil qui tente d’immortaliser des moments et des personnes vouées à disparaitre. Elle regarde ce qu’il se passe et déclenche lentement, comme filme de Peretti, qui laisse durer ses plans, et naître des dialogues fluides, justes, et que l’on sent parfois à demi improvisés. À son image est un film sur la distance ; Antonia cherche inlassablement la bonne ; elle s’éloigne parfois très loin, en allant couvrir le conflit yougoslave, ou peine à la trouver avec son père, et plus facilement auprès de son oncle, prêtre formidablement humain. Polar mélancolique adapté d’un roman de Jérôme Ferrari (Acte Sud), À son image impose son ton, sa temporalité et sa chronologie, mais vise toujours juste l’émotion de l’instant. 

La Prisonnière de Bordeaux, magnifique face-à-face entre deux femmes que tout éloigne mais qu’un étrange destin réunit, poursuit sa carrière sur nos écrans. Patricia Mazuy a eu la bonne idée de confronter Isabelle Huppert et Hafsia Herzi dans ce drame psychologique et social. Car si elles partagent une expérience commune – leur mari en prison – la grande bourgeoise et la jeune maman des quartiers vont jouer une drôle de partition aux accents chabroliens. A partir du 18 septembre, un cycle Patricia Mazuy permettra de revenir sur sa carrière, qui passait, il y a 24 ans, par Saint-Cyr avec, déjà, Isabelle Huppert. 

Tous nos films de l’été conservent l’affiche (voir plus bas), et nos séances jeune public font leur rentrée. Mercredi à 14h30, l’Enfance de l’Art propose Pat et Mat déménagent, de Marek Benes et, dimanche à 14h, Suzanne de Lacotte animera un Sandwich Club gondryesque puisqu’elle nous montrera Soyez sympas rembobinez !

Excellente rentrée.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action