Scroll down
L'Édito

Des héros super.

L'Édito

Des héros super.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Super-Héros, héros pirates, héros du quotidien ou sombre héros nés dans une rue de Brooklyn, notre programme de la semaine est plus grand que nature. D’abord avec notre nouveau Cycle Superheroes, mais aussi avec les flibustiers informatiques de Hacker, les personnages perturbés de Every Thing will be Fine de Wenders, et surtout la version définitive de Il Etait une Fois en Amérique, de Sergio Leone. Alors que s’ouvre le Festival de Cannes, nous sommes heureux de vous montrer l’intégralité de ce film qui fut tronqué lors sa présentation hors compétition en 1984.
Le dernier film de Leone, qu’il voulait « grand comme une cathédrale », a pourri la fin de vie du cinéaste. Réduit à 3h40 pour être projeté à Cannes, Il Etait une Fois en Amérique fut même ramené à 2h20 pour être exploité sur le marché US. Une déchirure. La cathédrale avait perdu son clocher, et Leone consacra ses dernières années à essayer d’imposer sa vision et sa durée : 4h11. En vain : personne, à l’heure du formatage, ne voulait d’un tel morceau de cinéma. Et lorsque Leone meurt en 1989, le film reste incomplet. Il faudra attendre plus de 25 ans pour qu’enfin les efforts cumulés d’un laboratoire de Bologne et du distributeur Carlotta exaucent le vœu du maître et offrent au public la version intégrale du film. Il Etait une Fois en Amérique, c’est la saga d’un demi-siècle  d’amitié de quatre gosses de Brooklyn qui voudront imposer leur loi en créant leur propre mafia. Une sorte de Genèse du grand banditisme, qui se termine en enfer. Film fleuve, parfois pesant, mais globalement sublime avec des passages bouleversants et des plans d’une stupéfiante beauté, Il Etait une Fois en Amérique se joue des époques pour faire passer l’émotion de ses gansters-héros. Oui, Leone avait raison, son film mérite bien quatre heures et onze minutes de notre temps sur terre.

La nouveauté de la semaine consacre d’autres héros, dotés de pouvoirs incroyables. Vous vous souvenez de Birdman, récemment vu au Grand Action ? Dans le dernier film d’Iñárritu, Michael Keaton interprétait un acteur marqué par un rôle de sauveur ailé tentant une renaissance sur une scène de Broadway. Notre Cycle Superheroes s’intéresse à ce cinéma, sous-genre du fantastique, et nous retrouverons évidemment Michael Keaton qui fut à plusieurs reprises le Batman de Tim Burton. Le personnage duel de Bruce Wayne / Batman, inventé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger pour DC Comics, fut endossé par quantité de comédiens. Citons Lewis Wilson, le premier en 1943, et plus récemment Val Kilmer ou George Clooney. Mais c’est Christian Bale qui en donna l’une des meilleures versions dans la série de Christopher Nolan, dont nous pourrons voir The Dark Knight. D’autres héros viendront sauver notre semaine : V pour Vendetta, également adapté d’une bande dessinée par James McTeigue, un membre de la bande Wachowski, dont Andy et Lana signèrent Speed RacerIncassable, comme Bruce Willis dans le film de M. Night Shyamalan, et l’inévitable Superman, version 2 de Richard Lester, avec le regretté Christopher Reeve, complètent le programme.

Les personnages de Wim Wenders n’ont, au premier regard, rien d’héroïque. Pourtant, ils se battent au quotidien contre leurs souvenirs, leurs traumatismes et leurs douleurs. Every Thing will be Fine est un film sur la culpabilité. Pour avoir tiré une fiction de la mort d’un enfant dont il est responsable, un romancier doit se confronter au frère de la victime. Et tout ne se passe pas si bien. Pareil dans Hacker, où des pirates informatiques destructeurs font de gros dégâts. Le dernier film de Michael Mann traîne encore à sa suite l’unique vestige du cycle que nous lui consacrâmes, en la personne du Solitaire.

Avant de vous laisser deux semaines pour lire cette lettre hebdomadaire (pour cause de rendez-vous cannois où nous tenterons d’arracher nos coups de cœur aux distributeurs pour vous les présenter), concluons avec l’Enfance de l’Art. On ira dire Bonjour au Japon des années 50, grâce au film de Yasojiru Ozu, précédé du court métrage Tigres à la Queue Leu Leu le 17 mai et nous retrouverons la fine fleur de l’animation franco-belge contemporaine avec Panique chez les Jouets le 24 mai.

Excellente quinzaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.