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L'Édito

Des gouffres.

L'Édito

Des gouffres.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Le premier gouffre est exploré par la caméra de Renato Berta pour Il Buco, formidable faux documentaire où Michelangelo Frammartino nous descend au fond d’une grotte calabraise dans les années 60. L’autre gouffre, c’est celui où est tombée Detroit, capitale déchue de l’industrie automobile américaine, et que raconte Andreï Schtakleff dans son (vrai) documentaire Detroiters. Deux sorties cette semaine, mais qui ne plongent dans les abymes de l’oubli ni nos ciné-clubs, ni nos récents succès, à commencer par Pas… de Quartier, le dernier Paul Vecchiali, projeté dans la salle qui porte désormais son nom.

Commençons donc par les événements, cette semaine au nombre de trois, et qui réunissent des professionnels du cinéma. Le premier se tiendra jeudi à 20h, à l’initiative de l’Association Française du Son à l’Image. Lors de ce Ciné-club de l’AFSI, nous verrons Geronimo, surnom d’une jeune éducatrice (Céline Sallette) qui doit calmer les communautés quand une fille d’origine turque s’enfuit avec un jeune Gitan. Philippe Welsh, ingénieur du son, Monique Dartonne, monteuse image, et Dominique Gaborieau, mixeur, ont tous trois travaillé sur ce film réalisé par Tony Gatlif en 2014. Ils seront avec nous pour parler son après la projection. 

Dimanche à 18h, ce sont les décorateurs qui se donnent rendez-vous au Grand Action pour leur Ciné-club du Décor à l’Écran. Après avoir revu Sils Maria, une belle réflexion d’Olivier Assayas sur le temps qui passe et n’épargne pas les actrices (Juliette Binoche est formidable), François-Renaud Labarthe, chef décorateur et Charles Gillibert, producteur, débattront de leur travail sur ce film, également de 2014. 

Troisième catégorie de professionnels du cinéma à se retrouver dans nos salles cette semaine, les réalisateurs, lundi à 19h30. Pour leur Directors’ Club, le ciné-club des cinéastes a invité F.J. Ossang – Jacques Plougeaut de son vrai nom – artiste multi-talents qui obtint le Léopard de la réalisation à Locarno pour 9 Doigts, en 2017. Après avoir vu son excellent choix, Rendez-vous avec la Peur, un fantastique Jacques Tourneur, il échangera avec la salle et Marcos Uzal, Rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma.

Dans les années 60, l’Italie vit un âge d’or. Tandis que Pirelli fait monter sa tour par l’architecte Gio Ponti, des archéologues décident de descendre dans la grotte la plus profonde du pays. Michelangelo Frammartino reconstitue cette vraie fable, et s’attarde sur le rapport des scientifiques et du vieil hermite qui règne sur les montagnes alentour. Il Buco doit être vu dans le noir d’une salle pour apprécier pleinement le travail de Renato Berta, l’immense chef-opérateur, qui capta l’émotion du gouffre, tout en restant à la surface, 683 mètres au-dessus. Un film expérience. 

A la même période, Detroit connaissait aussi son âge d’or, celui d’un capitalisme industriel triomphant qui en fit la capitale de la bagnole US. L’exploitation de la classe ouvrière, majoritairement noire, y était patente, mais donna aussi naissance à Motown, l’un des plus beaux labels musicaux de l’histoire. Dans son documentaire Detroiters, Andreï Schtakleff, fait parler les gens pour évoquer toutes les dimensions de l’histoire de cette « ville des moteurs »… Motown donc. Une plongée passionnante dans l’Amérique d’aujourd’hui, qui n’est pas tellement « great again ». 

En bref, le reste de notre programme, avec une mention pour Monsieur Paul Vecchiali. Il nous gratifie, à 92 ans, d’un nouveau film, Pas de Quartier, un « musico-drame » d’une fraîcheur étonnante, sur une partition de Roland Vincent. On y retrouve la « famille Vecchiali », et le bonheur de cette voix si particulière du cinéma français. I Comete en propose une autre, venue de Corse pour un film choral, lumineux et parfois sombre, où Pascal Tagnati laisse vivre sa caméra au sein d’un village îlien, le temps d’un été.  

Côté cycle, les trois terrifiants films de J-Horror et les trois réalisés par Jean-Pierre Limosin regroupés sous L’œil Limosin, poursuivent leur carrière. C’est aussi le cas de The Souvenir (Part I et II), de Licorice Pizza, de Michael Cimino, un Mirage Américain, de The Card Counter, et de First Cow, réalisé par Kelly Reichardt qui, comme Paul Vecchiali, possède au Grand Action une salle à son nom. 

Et si l’on concluait avec l’Enfance de l’Art ? Les petits découvriront, mercredi à 10h30, trois aventures de Zébulon le dragon, et les plus grands suivront, jeudi à 10h30 et dimanche à 14h, celle d’un drôle de pilote inventé par Hayao Miyazaki dans Porco Rosso

Belle semaine.