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L'Édito

De belles rééditions.

L'Édito

De belles rééditions.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le rôle du Grand Action est de vous faire découvrir des films. Des nouveaux, bien sûr, mais aussi des anciens auxquels le tirage numérique donne un nouvel éclat. Ainsi Stella, Femme Libre, avec l’incandescente Mélina Mercouri dans un film oublié de Michael Cacoyannis, qui sonnait pourtant le réveil du cinéma grec dans les années 50. Et puis deux événements. Le premier dédié à l’un des plus beaux mélos du cinéma contemporain : Sur la Route de Madison, de Clint Eastwood, est le choix du Club Positif de juillet. Et puis une belle doublette de rééditions sur copie neuve en avant première. Fan de De Palma, à qui nous consacrons un festival, bloquez votre soirée du samedi 21. A partir de 19h30, nous projetterons coup sur coup deux films de celui que d’aucuns considèrent comme un petit maître, mais que nous tenons pour un grand cinéaste. Pulsions et Blow Out s’enchaîneront comme à la parade, avec un casse-croûte-champagne à l’entracte. Epatant !

Cinéaste de genre, Brian de Palma n’a de cesse de les détourner, voire de les plagier et, d’une certaine manière, de s’en moquer. Héritier de Hitchcock pour certains, cousin de Argento pour d’autres, neveu de Stephen King à n’en point douter, De Palma a su créer un véritable style. Entre horreur et thriller, notre bon Brian tisse donc son œuvre, à laquelle nous avons décidé d’adresser un coup de chapeau en cet été 2012. Le point d’orgue de ce cycle De Palma aura donc lieu samedi, avec la projection de nouveaux tirages numériques 2K de deux films des années 80. Pulsions (à 19h30) est un thriller psychologique sexuel transgenre. Rien que ça ! Une femme est assassinée par une blonde. Mais est-ce vraiment une blonde ? Une prostituée connaît une partie de la réponse. Haletant, bien ficelé, sensuel, Pulsions (de son vrai nom Dressed to Kill) sera suivi de Blow Out (à 22h, vous pouvez arriver directement pour cette séance si vous le souhaitez). Dans cet hommage revendiqué au Blow Up d’Antonioni, John Travolta remplace David Hemmings (le photographe de Blow Up) et a troqué son appareil de prise de vue contre un magnétophone. C’est donc le son d’un crime, parfaitement orchestré, qu’il enregistre sur bande magnétique et dont il devra tirer les fils.

Dans ce cycle De Palma, l’on pourra voir ou revoir Carrie, cette adolescente habitée par Sissy Spacek et un certain nombre de troubles et pouvoirs qui la projettent au centre d’un haletant film d’épouvante. Après cette réalisation de 1976 qui marque les esprits (précisons qu’avant il y avait eu Phantom of the Paradise), suivent Pulsions et Blow Out (déjà cités). De Palma alterne alors films à gros budget (Scarface, les Incorruptibles), et des œuvres plus personnelles, mais conduites avec la même efficacité. Ainsi Body Double, un thriller trouble qui fait un clin d’œil à la Fenêtre sur Cour d’Hitchcock, ou bien Outrages, un film sombre sur le cauchemar de la guerre du Viet Nam. Dans les années 1990, De Palma allume le Bûcher des Vanités sous la haute finance new-yorkaise en adaptant le best-seller de Tom Wolfe, puis porte pour la première fois sur grand écran la série télé Mission Impossible, avec une distribution franco-américaine (Tom Cruise, Jean Reno, Emmanuelle Béart), avant d’enchaîner avec un solide polar dans le milieu de la boxe, Snake EyesRedacted, réalisé en 2007, complète ce cycle. On peut voir dans ce dernier film un prolongement de Outrages, mais dans le bourbier irakien. 

Si le début de sa carrière fut marqué par l’opprobre du cinéma B, entre westerns spaghetti et polars réacs (on adore !!!), Clint Eastwood sut ensuite convaincre les plus coincés des cinéphiles, et conquérir le grand public. Sur la Route de Madison fait parti des films qui ont imprimé leur marque. Par son souffle, par la beauté des sentiments, par les incroyables présences de Clint et Meryl Streep, La Route de Madison a changé le regard de tous ceux qui l’ont empruntée. L’on reverra donc avec jubilation et la larme à l’œil cette belle histoire d’amour, que Pascal Binétruy, grande plume de notre revue de cinéma préférée, viendra nous présenter dans le cadre du dernier Club Positif de la saison.

Si les Américains tirent la couverture à eux (en plus, Moonrise Kingdom, de Wes Anderson, est toujours à l’affiche), ils ne sauraient faire oublier que l’été au Grand Action brille du soleil grec (bien plus présent que le parisien). La belle Stella, interprétée par Mélina Mercouri et mise en scène par Michael Cacoyannis, poursuit sa lumineuse et tragique carrière. Ce film de 1955 marquait le renouveau du cinéma grec (qui depuis s’est un peu rendormi) en donnant le portrait d’une femme libre qui, elle, ne se donne qu’à qui lui plaît. Mais ça ne plaît pas à tout le monde. Cacoyannis, qui réalisera Zorba quelques années plus tard, a puisé dans la tragédie grecque pour imaginer Stella, Femme Libre mais victime de son destin. Un très beau film, inédit en France depuis 40 ans, et dont nous devons la renaissance à la persévérance d’un distributeur, Marc Olry et ses Lost Films.

Cette lettre prend fin, contrairement à L’Histoire sans Fin, conte “heroïc fantasy“ de Wolfgang Petersen, que nous propose l’Enfance de l’Art.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action