Corps et âme
Chères spectatrices, chers spectateurs
C’est avec corps et âme que nous aimons et défendons le cinéma, comme celles et ceux qui le fabriquent. Ces mêmes « organes » sont au cœur de notre programmation, avec l’âme corse des Les Nuits Med de mercredi, le corps-outil contraint des sous-mariniers du Le Chant du Loup, proposé jeudi soir par le Cinéclub de l’AFSI, et celui sacrifié de l’animal, filmé dans Gorge Cœur Ventre, que viendra nous présenter sa réalisatrice vendredi, lors d’un Cinéclub Image et Parole. L’âme, c’est le sujet de Vecchiali dans Un Soupçon d’Amour, tandis que Nolan étire les corps dans le temps de Tenet et que les héroïnes de notre Cycle Elles se Prénomment réunissent l’un et l’autre
Une sélection de courts-métrages corses lancera notre semaine d’événements mercredi à 19h30. Les Nuits Med, excellent festival que le Grand Action soutient et dont nous donnerons le palmarès le 28 octobre, a invité cinq réalisateurs de l’Île de Beauté à venir présenter leur film. L’occasion d’échanger avec eux et notre ami Alix, l’un des instigateurs de ces rencontres incontournables du cinéma en Méditerranée.
Polytechnicien, diplômé de Normale Sup et Docteur en cinéma, Antonin Baudry est un garçon brillant qui tira de son expérience de diplomate le scénario de Quai d’Orsay, succulente bédé adaptée au cinéma par Tavernier. Antonin se lança ensuite dans la réalisation d’un film ambitieux, Le Chant du Loup, où il suit le parcours d’une « oreille d’or », ces spécialistes qui, dans les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), écoutent les bruits et les silences de la mer. On imagine l’importance du son dans un film où l’acoustique joue le premier rôle et, dès lors, le choix du Cinéclub de l’AFSI. Jeudi à 20h, l’équipe du son à l’image de ce film débattra avec nous
Le lendemain à la même heure, le Cinéclub Image et Parole a invité Maud Alpi afin qu’elle nous présente son premier long-métrage, Gorge Cœur Ventre, couronné du prestigieux Prix Louis Deluc en 2016. Entre fiction et documentaire, à travers la vie d’un jeune employé d’un abattoir et de son chien, la réalisatrice nous fait ressentir l’âme des animaux sacrifiés sur l’autel de nos assiettes. Un choc émotionnel qui convertirait le plus irréductible des viandards en apôtre du véganisme, et un beau film de cinéma
Inauguré la semaine dernière, notre Cycle Elles se Prénomment s’enrichit de quelques héroïnes de cinéma, puisque tel est le thème de ce programme. Ainsi, Thelma et Louise, les cultes amazones américaines de Ridley Scott, viennent rejoindre Gilda (de Charles Vidor), Julieta (d’Almodovar), Lola (de Fassbinder), et Tristana (de Buñuel). Retrouvez ici les autres femmes de tête, de cœur et d’esprit que de grands cinéastes ont fait exister à l’écran
Toujours à l’affiche, Un Soupçon d’Amour, de Paul Vecchiali, jeune réalisateur nonagénaire qui n’en finit de broder son cinéma avec finesse, élégance et sensibilité. L’amour ici, c’est celui de Geneviève (Marianne Basler), grande comédienne qui abandonne les répétitions d’Andromaque pour s’occuper de son fils. Mais est-ce la vraie raison ?
Christopher Nolan nous interroge lui sur la linéarité du temps. Son Tenet, thriller d’espionnage métaphysique, nous entraîne dans d’infinies circonvolutions temporelles et nous propose le seul vrai blockbuster intelligent de la rentrée.
L’Enfance de l’Art est, cette semaine, entièrement nippone, avec La Boîte à malice, animation signée Koji Yamamura mercredi à 14h30 et, dimanche à 14h, le très joli et plein d’espoir Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki. Un remède à la mélancolie dans laquelle nous plonge la disparition de Michael Lonsdale. Que Dieu ait son âme, puisque tel était le vœu de cet immense comédien
Belle semaine.
Isabelle Gibbal Hardy et l’équipe du Grand Action.