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L'Édito

Connaître un cinéaste.

L'Édito

Connaître un cinéaste.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Les cinéastes sont de drôles de gens, souvent mystérieux, qui dépensent une énergie absolument délirante à faire des films, et donc à montrer une part d’eux-mêmes. Voir leurs productions est une façon cinéphilique de faire leur connaissance ; ainsi, on peut apprendre bien des choses sur Paul Schrader en regardant ses films, comme son dernier Master Garderner, et ceux du cycle qui accompagnent cette sortie. On peut aussi connaître un réalisateur plus intimement, parce que c’est un ami, parce qu’on travaille dans le milieu, ou parce qu’on a pu l’observer en action. C’est cela qu’a filmé Laurent Achard, proche de Paul Vecchiali, dans Un, parfois deux. Samedi soir, après avoir introduit ce documentaire sur le boulot de plateau de notre ami récemment disparu, Pascal Cervo nous présentera aussi Trous de mémoire, de, justement, Paul Vecchiali. Cette réédition de 1984 garde l’affiche, tout comme Asteroid City, le nouvel Anderson, Trois milliards d’un coup de Peter Yates (séance animée par le distributeur Marc Olry, vendredi à 20h40), et Showing Up, de Kelly Reichardt. 

En 2015, alors que Paul Vecchiali tournait deux films dans sa maison (rien de surprenant pour qui connaît son cinéma), Laurent Achard a posé sa caméra et l’a laissée tourner. Il a ainsi capté des moments rares, fragiles ou fugaces, d’attente ou d’action, de bruit et de silence, de réalité et de vérité. Il en a tiré Un, parfois deux qui documente et éclaire le travail d’un grand cinéaste.  Pascal Cervo nous introduira ce précieux témoignage de la Vecchiali’s touch, si douce, si ferme. Il restera pour présenter Trous de mémoire, un film que Paul réalisa en 1984, et qui ressort, restauré, pour la première fois depuis 39 ans. 

La semaine dernière, nous avons évoqué l’origine de l’obsession rédemptrice de Paul Schrader, thème encore central de son dernier film : Master Garderner. Un jardinier taciturne et efficient (Joel Edgerton, puissant) s’occupe avec délicatesse de la propriété d’une grande bourgeoise un peu hors-sol (Sigourney Weaver). Mais le passé trouble qu’il tente d’oublier va ressurgir par le truchement d’une jeune apprentie indésirable… Comment le Maître du jardin va-t-il trouver la rédemption ? Et oublier les péchés inscrits sur sa peau ? Ce thriller se tend au fil des minutes, jusqu’à monter très fort dans les tours. Le film clôture une sorte de trilogie avec les deux précédents, le joueur de poker de The Card Counter, ou le pasteur de First Reformed – Sur le chemin de la rédemption, parfaitement nommé, donc. Les deux font partie du Cycle Paul Schrader qui s’installe dans nos salles pour quelque temps. L’occasion de remonter aux sources de la foi calviniste rigoureuse dans laquelle le réalisateur fut élevé, et qui marqua durablement son œuvre. Ses personnages ont toujours quelque chose à se faire pardonner, ou à refouler si loin que plus personne, et surtout pas eux, ne puisse encore le percevoir. Les ouvriers de Blue Collar, comme les anciens taulards de Dog Eat Dog, ont tous une dette, souvent envers eux-mêmes. Le père de Hardcore qui va chercher sa fille tombée dans le porno, comme le jeune et beau American Gigolo, ou Patty Hearst, l’héritière enlevée, traînent aussi quelques casseroles. Et ne croyez pas que le couple qui joue une Etrange Séduction à Venise, ni la vedette d’Auto Focus, n’aient rien à se reprocher. Ainsi va le cinéma de Schrader, l’ange de la rédemption. 

Non sans vous rappeler de cliquer pour avoir les horaires de projection de tous les films affichés plus bas, on finit avec L’Enfance de l’Art, toujours enchantée par Diane. Elle donnera mercredi à 10h30 le départ de La Grande course au fromage, de Rasmus A. Sivertsen, nous présentera Mimi et Lisa, de Katarina Kerekesova, le lendemain à la même heure, et nous dominiquera (néologisme du septième jour) à 14h avec Microbe et Gasoil, personnages rigolos inventés par Michel Gondry. 

Belle semaine. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action