Cinémadrome
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ce titre annonce Videodrome, cauchemar hallucinatoire de David Cronenberg (1984) que nous ressortons sur copie neuve. Les cinéphiles se réjouissent ! Ils seront aussi présents mardi 18h à 20h pour écouter l’intervention du Chef-opérateur Julien Hirsch lors d’un Ciné-club Louis Lumière autour de Liberté, de Tony Gatlif. Et puis ils ont de quoi satisfaire leur passion avec la poursuite de nos films des précédentes semaine, comme Valmont, merveille libertine de Milos Forman, Certain Women, délicat film féminin de Kelly Reichardt, le juste combat des Loving, de Jeff Nichols, Manchester by the Sea, avec l’Oscarisé Casey Affleck et, the last but not least The Lost City of Z, le dernier James Gray, qui mérite largement le cycle que nous lui consacrons.
Cinéaste de la violence étrange et de l’horreur sophistiquée, David Cronenberg est obsédé par le médical traumatique, le sexe mutant, les médias manipulateurs et les prolongements humano-technologiques. Après avoir travaillé pour la télévision dans les années 70, il réalise des films saisissants avec une incroyable économie de moyens (Frissons, Rage), qui sont vite repérés par quelques « hard » cinéphiles. Le succès public de Scanners lui ouvre les portes de Universal Pictures qui produit Videodrome. Ce sera un relatif échec mais, heureusement, Cronenberg poursuivra sa carrière, ce que prouvera le Cycle que nous lui consacrerons à partir de la semaine prochaine. James Wood et Debbie Harry, la chanteuse Blondie, au fait de sa gloire et qui fera quelques autres incursions au cinéma, notamment pour John Waters, se partagent la vedette de cette plongée tordue (au sens propre) dans les média qui influencent nos cerveaux. Notons qu’en 1984, la télédiffusion d’images n’avait pas atteint l’omniprésence que nous connaissons aujourd’hui, ce qui confirme que Cronenberg est bien un visionnaire. L’histoire : le patron d’une chaîne du câble tombe par hasard sur un programme pirate nommé Videodrome qui provoque hallucinations, distorsions et altérations physiques et mentales ; elles réduisent la frontière entre le réel et la fiction, et le conduisent à la folie… « Sur le mélange aliénant de plaisir et de dégoût qu’engendre la télé, on a rarement fait mieux ». Et on ne saurait mieux dire que Jacques Morice, de Télérama.
Cinéaste du voyage, Tony Gatlif dresse un portrait cinématographique du peuple tsigane. Dans Liberté, réalisé en 2009, il évoque un des moments les plus tragiques de son histoire, qui en connut de nombreux. En 1943, une famille de voyageurs arrive dans un village français pour les vendanges. Mais les infâmes lois de Vichy sont en vigueur, et seuls quelques justes vont tenter de se révolter pour éviter la déportation des Tsiganes. Julien Hirsch est l’invité du Ciné-club Louis Lumière de ce mardi pour raconter la photo de ce film touchant et sincère. Un cocktail prolongera l’échange.
Invétéré séducteur, le Marquis de Valmont, inventé par Pierre Choderlos de Laclos dans ses Liaisons dangereuses, est toujours à l’affiche. Librement adaptés par Jean-Claude Carrière et subtilement mis en scène par Milos Forman, les jeux pervers et érotiques de Valmont et sa complice Merteuil trouvent dans ce film de 1989 une merveilleuse expression libertine. D’autant que la restauration redonne tout son lustre (et plus) à la copie que nous projetons. A voir. Tout comme, bien sûr, la saga d’un colonel explorateur de la couronne Britannique en Amazonie, que raconte James Gray dans The Lost City of Z, son dernier film épique. Trois autres, comme autant de marques du talent de ce jeune réalisateur (47 ans), sont au programme de son cycle : La Nuit nous appartient, Two lovers, The Immigrant.
Terminons avec l’Enfance de l’Art. Mercredi et jeudi, ce sera Wallace et Gromit, les Inventuriers, animation délirante de Nick Park, et dimanche, Allez coucher ailleurs, folle comédie de Howard Hawks, avec Cary Grant en militaire travesti ! Houlala…
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA