Cinéma poétique.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Après la belle rudesse d’État limite, où Nicolas Peduzzi suit un psychiatre extraordinaire dont il viendra nous parler mercredi à 18h, notre sortie de la semaine explore d’autres chemins. Cinéaste tristement oublié, Guy Gilles réalisa dans les années 60 et 70 quelques pépites, dont Le Jardin qui bascule. Le programme est par ailleurs chargé, avec notamment RoboCop, soutenu par un Cycle Paul Verhoeven, récapitulatif désormais exhaustif de son travail américain puisque Hollow Man rejoint les autres.
Né en 1938 et mort en 1996, Guy Gilles étudia les beaux-arts avant de débuter sur les plateaux comme assistant de François Reichenbach. En 1965, il sort « à l’arrache » son premier long-métrage, L’Amour à la mer, dans lequel on découvre Patrick Jouané, qui deviendra son acteur fétiche. Malgré les apparitions de Gréco, Brialy, Delon et Léaud, ce film, comme la plupart de la petite dizaine qu’il a signée, ne rencontrera pas son public. Pourtant, le cinéma poétique de Guy Gilles, parlant avec une délicatesse décalée de mort et d’amour, fut souvent soutenu par la critique, encensé par les intellectuels, couronné de prix (Jean Vigo en 1973 pour Absences répétées). Nous sommes donc heureux de vous proposer de rattraper cette étonnante incompréhension en venant voir Le Jardin qui bascule, restauré et distribué par Les Acacias, en partenariat avec TF1, dans le cadre de la « collection Delphine Seyrig ». Soutenons cette belle initiative en signalant qu’elle inclut Aloïse, de Liliane de Kermadec, qui sera projeté dans un cinéma voisin.
Patrick Jouané est donc Karl, tueur à gage à la petite semaine et à la moue boudeuse qui doit, pour une raison qui n’est pas le sujet du film, assassiner Kate. Mais dans le jardin de la belle Delphine Seyrig, c’est lui qui va basculer, d’abord fasciné par cette femme, puis totalement fou d’elle. Guy Gilles propose un ton singulier, qui n’appartient qu’à lui, et auquel son actrice principale prête sa voix si particulière, tandis que Jeanne Moreau, autre beau timbre, interprète la chanson du film. A l’affiche de ce Jardin qui bascule, on voit aussi Samy Frey et Guy Bedos, tournoyant dans un curieux et attachant ballet autour de la Seyrig, sublime, forcément sublime, comme aurait pu le dire Marguerite Duras, fan du travail de Guy Gilles.
Dans un tout autre genre, on tâchera de suivre le docteur Abdel-Khader, formidable psychiatre qui se bat pour sauver ses patients à l’hôpital Beaujon. Dans État limite, Nicolas Peduzzi ne le lâche pas, et sa caméra sublime autant le dévouement des soignants qu’elle pointe les cruels manques de la santé publique. Nous aurons l’occasion d’échanger sur ce sujet alarmant avec Nicolas à l’issue de la projection de mercredi 18h.
Dans un tout autre genre, on verra RoboCop, indémodable satire de l’autoritarisme. Ce sont bien les solutions ultra sécuritaires au problème de la délinquance que dénonce Verhoeven dans ce film violent et dur, mais parfaitement maîtrisé. Hollandais exilé aux USA, le cinéaste y fit une grande partie de sa carrière, lancée tambour battant après le succès de RoboCop. Notre Cycle Paul Verhoeven propose l’intégralité de sa filmographie américaine (Total Recall, Basic Instinct, Showgirls, Starship troopers…).
N’oubliez pas de trouver votre bonheur cinématographique dans la liste des films dont les affiches bouclent cette lettre, que l’on conclue avec l’Enfance de l’Art qui nous propose deux techniques d’animation différentes : Shaun le mouton à mercredi 14h30, et Le chat du rabbin, de Joann Sfar dimanche à 14h.
Poétique semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action