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L'Édito

Cinéma militant.

L'Édito

Cinéma militant.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Art éminemment politique, le cinéma participe à la vie de la cité et accompagne ou dénonce les changements qui la secouent. Il peut questionner, comme le programme Novembre Expérimental #5 : La Jouissance-cinéma animé par le chercheur Federico Rossin, ou témoigner comme les films proposés par le festival GrecDoc de ce week-end. Le cinéma milite aussi pour les droits des dominés-méprisés : En 1970, ceux des « native Americans » selon Little big man d’Arthur Penn, au Ciné-club des Ecoles de mardi soir et, aujourd’hui ceux des LGTBQ+. Alexis Langlois sera avec Bilal Hassani et d’autres membres de l’équipe mercredi après-midi pour présenter Les Reines du drame, incroyable conte queer qui sort cette semaine. Autre nouveauté, Malcolm X – réédition du Spike Lee, encore un réalisateur engagé – qui trouve politiquement sa place entre Good one et Voyage à Gaza

Débuté la semaine dernière, le programme La Jouissance-cinéma proposée par Novembre Expérimental #5 continue via deux séances mercredi et jeudi à 19h30. Federico Rossin poursuivra son séminaire sur ce cinéma différent qu’il adore en s’appuyant sur Auto portraits et Rimes et Rythmes

Chaque année, le GrecDoc, l’un des ciné-clubs emblématiques de nos amis hellènes, organise un festival. Vendredi soir, Thanasis Kafetzis et Dimitris Zahos ouvriront les festivités en présentant Loxy, portrait disruptif d’une actrice atteinte de trisomie 21, avant d’échanger lors d’un débat. 

Mardi à 20h, le Ciné-club des Ecoles nous emmène chevaucher avec Dustin Hoffman, l’incroyable Little big man, blanc-bec traumatisé, ami des Cheyennes, amant de Faye Dunaway et légende marginale de l’ouest. Enseignant et auteur, Michel Etcheverry décryptera ce chef d’œuvre engagé d’Arthur Penn. 

Le premier des événements se tiendra mercredi à 16h30 pour fêter la sortie sur nos écrans des Reines du drame. Alexis Langlois, qui a réalisé ce film très singulier présenté à la Semaine de la Critique, et Bilal Hassani, qui raconte la belle et tragique histoire d’amour entre Mimi Madamour, starlette pour ados, et Billy Kolher, chanteuse queercore (une branche non cis du punk), viendront nous présenter le film. Pop, criarde, trash, cash, violente, et surtout d’une immense liberté, la comédie musicale d’Alexis Langlois pourra surprendre. Mais c’est aussi le but de la culture « camp » (de l’anglais to camp, prendre la pose) auquel le film se rattache. Ce courant, théorisé dans l’essai publié par Susan Sontag en 1964 (Notes on Camp), joue sur l’exubérance jusqu’au grotesque pour s’élever contre le « butch », la tendance masculiniste et viriliste défendue par les trumpistes et assimilés. Les drags, comme le personnage interprété par Bilal Hassani, en sont une expression. Pour finir d’éveiller les antiwokes cisidentitaires (certains de leur sexe et de leur genre), terminons cette parenthèse linguistique en précisant que les hommes homos ont traduit « queer » (littéralement « bizarre, déviant »), par « différents, spécial ».  Le qualificatif, dénué de connotation négative, désigne désormais les minorités sexuelles et de genre, en particulier chez les personnes LGBTIA (lesbiennes, gays, bixesuelles, transgenres, intersexes ou asexuelles). Bonne wokouverte des Reines du drame

Si Alexis Langlois (nom prédestiné pour venir dans nos salles) milite pour l’identité de genre, Malcolm X interroge celle des Africains-Américains, descendants des esclaves auxquels elle fut niée.  Important militant des droits civiques, activiste controversé et membre de Nation of Islam, Malcom X fut assassiné en 1965. Il demeure l’une des idoles de Spike Lee, qui a demandé à l’impressionnant Denzel Washington de l’interpréter pour son biobic, sorti en 1992 et réédité sur copie neuve. 

Le féministe premier long-métrage d’India Donaldson, Good one, conserve l’écran, tout comme le politique Voyage à Gaza, de Piero Usberti, ainsi que, bien sûr, Anora accompagné du cycle Sean Baker, les oubliés de l’Amérique, et les deux films J-Horror de Kiyoshi Kurosawa. D’autres films à retrouver plus bas, et les derniers mots pour l’Enfance de l’Art. Sale temps, mais beau film, mercredi à 14h30 pour Maman pleut des cordes et, dimanche à 14h, Suzanne De Lacotte nous emmènera visiter le Jurassic Park, de Steven Spielberg, dans le cadre de son Sandwich Club

Nous souhaitons une semaine engagée aux cinéphiles militant.e.s.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action