Cinéma, le retour.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Il y a plus de 200 jours qu’on n’a pas mis les pieds dans une salle obscure afin de voir défiler un film de cinéma sur un grand écran. Pour beaucoup d’entre nous, une telle abstinence n’était jamais arrivée depuis l’achat de notre premier billet. Mais, thank God, c’est fini, espérons pour longtemps, et tant pis que ce ne soit que jusqu’à 21h. Les salles rouvrent et nous sommes ravis de vous retrouver, et de vous réécrire cette petite missive hebdomadaire. Donc, au programme de cette semaine… Tiens, on va l’écrire deux fois tellement c’est bon ! Au programme cette semaine donc, un classique du cinéma fantastique britannique des années 70, The Wicker Man, de Robin Hardy, avec plusieurs projections présentées et animées. En salle club, nous verrons l’adaptation très réussie d’un thriller de théâtre écrit en 1983 par David Mamet, Glengarry, servie par un casting de rêve. Et on aura aussi le retour de l’Enfance de l’Art ! Dingue !
Sujet britannique, Robin Hardy étudie l’art à Paris, travaille pour les télévisions américaine et canadienne, avant de retourner en Angleterre où il excelle dans la réalisation de films publicitaires. Il s’associe avec le romancier Anthony Shaffer (frère jumeau du dramaturge Peter Shaffer, et auteur – entre autres – de Frenzy, d’Alfred Hitchcock) pour monter une société de production. Écrit par Anthony et réalisé par Robin, The Wicker Man, leur premier et unique film, est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs de l’histoire du cinéma anglais par le British Film Institute. Ce thriller fantasmagorique qui a marqué l’année 1973, très pop dans son esthétique, plonge un détective bigot venu enquêter sur la disparition d’une jeune Écossaise, dans l’ésotérisme celte. L’île des Hébrides où il débarque vit en effet au rythme d’un paganisme érotique et déglingué qui déroute sa foi chrétienne. La communauté de The Wicker Man (Le Dieu d’Osier en V.F.), conduite par l’étrange Lord Summerisle, jubilatoire Christopher Lee, mêle une sexualité expressive à des rites païens, tels ces « mannequins d’une grandeur prodigieuse qu’on remplit d’hommes attachés avant d’y mettre le feu ». Jules César, dans la Guerre des Gaules, évoque cette charmante vieille coutume celtique… Remercions Lost Films et son fondateur Marc Olry, d’avoir restauré ce bijou fantastique et incongru, oppressant et fascinant, intrigant, émoustillant et délicieusement désuet. Marc viendra mercredi présenter les séances de 14h15 et 18h30 (et, tel qu’on le connait, certaines autres), tandis que Fausto Fasulo, rédac-chef de Mad Movie, nous introduira celle du vendredi 18h30. Samedi, la projection de 18h sera précédée de l’accueil musical du Fantasy Orchestra, arrosé d’un verre de cidre devant le cinéma. Le retour de la fête celte !
Les employés de l’agence immobilière de Glengarry ne sont, eux, pas à la fête. Le concours impitoyable qu’annonce le patron vise, certes, à récompenser le meilleur vendeur, mais surtout à licencier les moins performants qu’une restructuration rend inutiles. La compétition est lancée, et prendra une tournure très inattendue… Et aussi malhonnête que le principe de base. Cette curieuse histoire de la folie capitaliste inventée pour le théâtre par David Mamet a été adaptée au cinéma par James Foley en 1992. Réalisateur efficace et capable de suivre un déroulé programmatique avec un vif talent, il joue parfaitement la partition, interprétée par des solistes de haut vol. Al Pacino, Jack Lemon, Alec Baldwin, Ed Harris, Kevin Spacey et Jonathan Pryce partagent l’affiche de cet haletant thriller en col blanc, réédité sur copie neuve.
La semaine prochaine, sortie de la première exclusivité de cette nouvelle ère, avec Promising Young Woman, où Emerald Fennell offre à la sublime Carey Mulligan un rôle de femme (vraiment) fatale.
Mais revenons-en à celle-ci, avec la reprise du programme de l’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, nos plus jeunes spectateurs redécouvriront le plaisir du cinéma en volant avec La Sorcière dans les Airs, joli dessin animé de Max Lang et Jan Lachauer. Dimanche à 14h, les plus grands amateurs d’animation verront Louise en Hiver, où toute la poésie nostalgique de Jean-François Laguionie s’exprime par la voix d’une vieille dame, portée par celle de Dominique Frot. Émotion…
Bon retour dans les salles.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA.