Ciné-opéra.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
On est toujours ému d’entendre Bellini ou Puccini chantés par La Callas, exceptionnelle soprano que Pablo Larraín évoque dans Maria. C’est donc du grand spectacle lyrique qui sort cette semaine sur nos écrans avec une Angelina Jolie assez bluffante dans le rôle-titre. Nous aurons aussi 4 événements, dont un premier rendez-vous important vendredi soir, par lequel nous commençons.
Le 28 mars 1976, Claude Contamine et Patrick Brion inventaient le ciné-club à la télé avec Le Cinéma de Minuit, qui diffusait des classiques à une heure tardive. Avec son générique hypnotique et la voix inimitable de Brion, cette émission a ouvert à la cinéphilie plusieurs générations, avant de clore l’aventure en 2024. Vendredi à 20h, Patrick sera là pour l’hommage que nous lui rendons, et nous fera revivre ces souvenirs avec la projection des Contrebandiers de Moonfleet, de Fritz Lang, en 35 mm, évidemment. Il signera aussi son beau et grand livre de mémoire, Cinéma de minuit (Éditions Télémaque), vendu à un prix préférentiel à nos spectateurs.
Dimanche à 11h30, nous retrouverons notre séance mensuelle du GrecDoc, consacrée à l’art de la taille de pierres : Paroles de marbre, de Maro Anastopoulou, sera suivi de La Pierre à travers le temps, de Yannis Spiliopoulos.
Ce même dimanche à 16h30, place au Ciné-club des Écoles, pour un des chefs d’œuvre d’Ingmar Bergman : Fanny et Alexandre. Le critique Sylvain Lefort nous présentera l’histoire de ces deux enfants dans la Suède du début XXe, d’après les souvenirs du cinéaste.
On enchaîne lundi à 19h30 avec le Ciné-club Les Producteurs s’affichent. Philip Boëffard et Christophe Rossignon qui ont produit L’Ordre et la morale, où Mathieu Kassovitz raconte le drame de la grotte néo-calédonienne d’Ouvéa, seront dans la salle pour expliquer la fabrication de ce film.
Baigné dans la politique dans son enfance, Pablo Larraín est un cinéaste inspiré par le réel, à commencer par celui de son pays : le Chili (Santiago 73 Post-Mortem, No…). Le succès lui ouvre des portes et, toujours porté par l’histoire, il se lance dans d’ambitieux biopics, sur le poète Neruda, puis sur Jackie. Avec Maria, il continue son récit des femmes d’Aristote Onassis puisque le flamboyant armateur grec épousa la veuve Kennedy après son idylle avec La Callas. C’est donc elle, Maria, la diva absolue dont il évoque la carrière incroyable dans un astucieux dispositif narratif à demi-fantasmé pendant ses derniers jours sur terre. Larraín parvient toujours à adapter sa mise en scène à son sujet, et nombre des plans de Maria, très larges et composés, ressemblent à des scènes d’opéra. Angelina Jolie, habitée par La Callas, est magnifiquement entourée par ses domestiques, Alba Rohrwacher et le formidable Pierfrancesco Favino. La belle voix de la soprano, mixée à celle de Jolie, fait vibrer ; surtout restituée par le système sonore du Grand Action, labélisé par la Commission Supérieure Technique.
Dans un genre plus quotidien, mais non moins important et tout aussi magnifiquement mis en scène, on suivra une année scolaire avec Apprendre. Claire Simon met sa caméra à hauteur d’enfant dans une école primaire, et nous en apprend beaucoup sur la génération qui vient, tout en rendant un bel hommage au corps enseignant.
On retrouve aussi cette semaine Bernie, Eephus et quelques autres. Les derniers mots pour l’Enfance de l’Art avec Vive le vent d’hiver (mercredi 14h30) et un Sandwich Club dimanche à 14h lors duquel Suzanne de Lacotte fera son Truman Show, de Peter Weir.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action