César, Steve et John.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ces trois là sont les vedettes de la semaine avec Ave César !, la nouvelle comédie hollywoodienne virevoltante des frères Coen, Steve Jobs le biopic de Danny Boyle, et John Carpenter, auteur de l’effroyable The Thing auquel nous consacrons également un Cycle. Parmi les quelques autres films à l’affiche cette semaine, signalons une projection la version Redux d’Apocalypse Now, chef d’œuvre de Coppola.
A tout seigneur, tout César, commençons donc avec Ave César ! Non, les frères Coen ne se sont pas lancés dans un péplum, mais dans une trépidante parodie-hommage au cinéma de l’âge d’or hollywoodien. En ces années 40-50, les studios de la banlieue de Los Angeles tournaient à fond. En traversant les plateaux, on passait d’une comédie musicale à une féérie nautique, d’un drame psychologique à un western ou, justement, à un péplum. Les stars, elles, n’en faisaient qu’à leur tête, et il fallait veiller à ce que leurs caprices, leurs bêtises, leurs dérapages n’entravent en rien l’inévitable marche en avant du studio. Rappelons que la société américaine vivait sous le joug de la censure (le fameux code Hayes) et la paranoïa anti-communiste. Rien ne devait dépasser, et les compagnies de cinéma employaient des « fixers » chargés de ne laisser sortir aucune des frasques des vedettes. L’un d’eux (formidable Josh Brolin), qui a réellement existé, est la vraie star d’Ave César ! Il démêle, par des moyens légaux ou non, les plus improbables dérapages des protégés des studios afin de veiller à leur image. L’enlèvement du héros d’un péplum « religieusement correct » (scène hilarante) sur la vie du Christ par une bande de scénaristes gauchistes sert de trame au Coen. Georges Clooney, parfait en cabot stupide, est la victime du complot farfelu qui donne l’occasion de visiter l’arrière cours des studios. Les deux frères se moquent de tout, font feu de tout bois avec un sens aigu de la jubilation irrévérencieuse, mais un respect profond du cinéma. Les références, les moments de bravoure et les gags s’enchaînent avec virtuosité : on rit de bon cœur, tout en se demandant de quel film tel ou tel plan s’inspire.
Tout aussi peu classique, le Steve Jobs réalisé par Dany Boyle, et surtout magnifiquement scénarisé par Aaron Sorkin, l’un des meilleurs dramaturges du moment, déjà auteur de The Social Network. En trois temps forts et autant de lancements de produits emblématiques, le film dresse un subtil portrait du fondateur d’Apple. Michael Fassbender est fascinant, et Kate Winslet parfaite en fidèle assistante.
Si vous aimez avoir peur au cinéma, vous allez pouvoir nourrir vos frissons avec le Cycle John Carpenter, mené par la ressortie de The Thing, l’un de ses films cultes, invisibles en salle depuis 1982. Également au programme, la cauchemardesque prison de New-York 1997, le brouillard anxiogène de Fog, une rencontre diabolique avec Prince des Ténèbres, une balade en voiture hantée avec Christine, ou un moment flippant avec l’extraterrestre Starman.
Trois autres films complètent notre sélection de la semaine. D’abord Apocalypse Now – Redux, version « plus ample, plus riche, plus texturée du film » selon son auteur, Francis Ford Coppola. Et puis aussi deux films précédemment projetés au Grand Action mais qui, depuis dimanche, sont couronnés d’un Oscar. Mark Rylance, formidable en espion russe, a décroché la statuette pour son second rôle dans Le Pont des Espions, de Steven Spielberg, et The Big Short, d’Adam McKay, celle de la meilleure adaptation pour s’être inspiré du livre éponyme de Michael Lewis. Bravo !
Terminons avec l’Enfance de l’Art qui nous propose le Robin des Bois version Disney, signé Wolfgang Reitherman. Un régal.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.