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L'Édito

Birdman prêt à prendre son envol.

L'Édito

Birdman prêt à prendre son envol.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Oui, mais il faudra attendre le 25 février pour découvrir Birdman, le dernier film d’Alejandro Gonzalez Inarritu, dont on vous parle plus bas. Car pour cause de vacances scolaires, cette lettre vous présente les deux semaines à venir. Nous avons toutefois des munitions pour vous faire patienter jusqu’à Birdman avec deux événements jeudi 19 et mardi 24, la Rétrospective Paul Vecchiali et la réédition de Un Frisson dans la Nuit, premier film de Clint Eastwood. Voyons le détail.

Jeudi à 20h30, nos amis du Cinéma-Club, d’anciens élèves cinéphiles des grandes écoles, nous proposent de revoir un classique de 1947 du grand Joseph L. Mankiewicz, L’Aventure de Madame Muir. Gene Tierney interprète cette jeune veuve qui vit l’aventure citée dans le titre, en l’occurrence une rencontre plutôt inattendue avec un fantôme hantant le cottage où elle s’était retirée. Mené avec le brio unanimement reconnu à Mankiewicz, le film sera présenté par Nicole Sizaret, Docteur en Etudes Cinématographiques, et sera suivi d’un cocktail.

Mardi à 19h30, nous retrouverons le Ciné-Club Univers Convergents, rencontres entre les sciences et le cinéma initiées par le mathématicien Cédric Villani. Lors de cette séance, présentée par le sociologue Marc Giget, l’historien François Lerrige et le chimiste Maurice Leroy, nous verrons L’Homme au Complet Blanc, réalisé en 1951 par l’américano-écossais Alexander Mackendrick. Le toujours élégant Alec Guinness interprète l’homme en question, un chimiste qui pense révolutionner le textile grâce à un tissu inusable et insalissable. Si à l’époque on ne parlait pas encore d’obsolescence programmée, l’invention ne lui apporta pourtant pas que des amis dans l’industrie de la fringue. Incompris lors de sa sortie, ce film aussi novateur que son héros est aujourd’hui un classique. A découvrir donc, et à discuter lors du débat à suivre qui, comme tous ceux organisés par Univers Convergents, s’annonce passionnant. Cet échange se poursuivra autour du traditionnel cocktail. Entrée gratuite, réservation indispensable.

Depuis quelques semaines, Paul Vecchiali, franc tireur du cinéma français, est en vedette dans nos salles. D’abord avec Nuits Blanches sur la Jetée, son dernier film, une très jolie histoire d’amour d’après Dostoïevski, mais aussi grâce à la première partie de sa rétrospective, dont la seconde sera programmée en juillet. Cette semaine, nous pourrons voir quatre anciennes réalisations de ce radical indépendant qui, film après film, a construit une œuvre très particulière. Au programme donc, l’EtrangleurCorps à CœurFemmes, Femmes et Change pas de Main.
L’autre grande affaire de la semaine (sans oublier notre Herzog Favori dont nous conservons quelques Ascensions), c’est Play Misty For Me, titre original du Frisson dans la Nuit, premier film de Clint Eastwood. En 1971, Eastwood est un acteur populaire, révélé par la série télé Rawhide. Elle lui vaut d’être repéré par Leone qui en fait une figure de ses westerns, puis d’endosser le rôle de Dirty Harry, flic expéditif inventé par Don Siegel. L’un des opus de Harry sort d’ailleurs en même temps que cette première réalisation de Clint, où Siegel fait une apparition (le barman). Mais ce sont les seuls points communs entre ces deux films, car Eastwood crée son style, nourri par ses propres tourments et obsessions, qu’il ne cessera de mettre en scène lors de sa longue carrière, toujours en cours. Donc foncez voir les prémices d’un géant ; il y tient aussi le rôle du petit programmateur radio harcelé par une dingue qui, inlassablement, lui demande de passer Misty
Eastwood et Vecchiali seront encore avec nous à partir du 25 février, mais devront se serrer pour faire de la place à Birdman, le dernier Alejandro Gonzalez Inarritu. En 4 films seulement, ce prodige du cinéma mexicain a ramassé un Prix de la Mise en Scène à Cannes et 12 nominations aux Oscars. Et vu la liste longue comme le bras des palmarès pour lesquels Birdman est retenu, les médailles devraient encore tomber pour Inarritu. Birdman, c’est un super héro ailé qu’interprétait l’acteur Riggan Thomson, alias Michael Keaton – formidable – qui, rappelons-le, fut le Batman de Tim Burton. Mais les années ont passé et le fringant Thomson regarde sa gloire dans le rétroviseur. Il compte bien rebondir sur une scène de Broadway, mais l’univers se déglingue autour de lui, et peut-être bien « dans » lui. C’est brillant, tragique et drôle, magnifiquement inspiré et filmé souvent au grand angle pour accentuer les lignes de fuite. Pour ce petit bijou, Inarritu a convoqué et dirige un superbe plateau : Emma Stone, Edward Norton, Naomi Watts et Zach Galifianakis, le hipster déglingué de Very Bad Trip. Tenez bon jusqu’au 25, Birdman arrive !

Concluons vite avec l’Enfance de l’Art qui, ce dimanche, se paye L’Argent de Poche, de Truffaut et la prochaine un merveilleux Miyazaki, Porco Rosso.
Excellente quinzaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.