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L'Édito

Bienvenue à tous.

L'Édito

Bienvenue à tous.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Beaucoup de bienvenues cette semaine, à commencer par Bienvenue Mister Chance, mythique film de Hal Ashby, et bienvenue d’ailleurs à Mister Ashby lui-même, pour la rétrospective que nous lui consacrons. Bienvenue aussi à Bruno de Keyzer, invité du Ciné-Club Louis Lumière qui viendra nous présenter Dans la Brume Electrique, de Bertrand Tavernier, et bienvenue à la magnifique copie numérique de 8 Heures de Sursis, de Carol Reed, pour sa deuxième semaine dans nos salles. Quant à True Grit et à l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, on n’en est plus à leur dire bienvenue, mais ils le sont toujours.

Lorsque l’on évoque les couples au cinéma, on pense aux acteurs : Bogart-Bacall, Signoret-Montand ou, bien sûr, Burton et Liz Taylor, l’une des dernières icônes qui nous a quittés la semaine dernière. Pourtant, il existe un couple encore plus fondamental pour faire un film : le réalisateur et son chef opérateur. Leur complicité, leur compréhension, leur complémentarité, leurs échanges, et parfois, leurs engueulades vont donner au film sa lumière et sa couleur. Depuis 1983 et Un Dimanche à la Campagne qui lui valut un César, Bruno de Keyzer a éclairé 6 films de Bertrand Tavernier, dont Dans la Brume Electrique, réalisé en 2007. Filmé en Louisiane et en Anglais, avec une distribution américaine (Tommy Lee Jones, John Goodman…), ce polar noir, fiévreux et psychanalytique, sonne comme un hommage de Tavernier au cinéma d’outre-Atlantique qu’il connaît et admire. Mardi 5 avril à 20h, le Ciné-Club Louis Lumière a demandé à Bruno de Keyzer de venir parler de son travail pour ce film, et de cette brume électrique qui confère à l’image un caractère particulier. Nul doute que celui qui a aussi travaillé avec Jerry Schatzberg et Volker Schlöndorff aura des choses passionnantes à nous dire sur le cinéma.

Mister Chance fit sien le principe voltairien de cultiver son jardin, et en tira toute la sagesse que préconisait notre célèbre penseur de Ferney. Bienvenue Mister Chance, l’histoire du jardinier philosophe que consulte comme un oracle les grands du monde, est une fable comme seul (ou presque) Hal Ashby savait en composer. C’est aussi le dernier vrai film de l’immense Peter Sellers, inénarrable inspecteur Clouzeau pour Edwards et vedette de la seule et noire comédie de Kubrick. Il est ici – Being There, comme l’indique le titre original du film d’Ashby – un drôle de gars qui vit retiré du monde mais qui, entre télévision et horticulture, semble mieux que les autres l’avoir compris. Le hasard lui fera côtoyer le pouvoir, via la femme d’un milliardaire, magistralement composée par Shirley MacLaine. Nous sommes très heureux de ressortir ce film culte des années 80, de revoir ce bon vieux Peter Sellers, et de redécouvrir l’extraordinaire fraicheur, l’incroyable vitalité et l’indéfectible optimisme désespéré du cinéma d’Hal Ashby. Grâce à notre petit hommage, vous pourrez revisiter les romantiques cimetières d’Harold et Maude, les passions capillaires de Shampoo, les amitiés militaires de la Dernière Corvée, et redécouvrir la mise en scène morcelée de l’Affaire Thomas Crown, réalisée par Norman Jewison, produite par Hashby et ambiancée par un thème de Michel Legrand.

Autre incontournable de la semaine pour les authentiques cinéphiles que vous êtes : 8 Heures de Sursis (Odd Man Out). Dans ce magistral film noir, James Mason, au sommet de son art, incarne un militant de la cause Irlandaise coincé à la suite d’un casse qui tourne mal. Carol Reed met ici en place toutes les mécanismes qu’il utilisera pour mettre en images les histoires inventées par Graham Green (le Troisième Homme, notamment). Le suspense est haletant, le tension permanente, et la fin inéluctable. La copie que nous projetons est numérique 2k. Nous invitons les sceptiques de cette nouvelle technique à venir constater l’incroyable richesse du procédé qui donne au noir et blanc une nouvelle couleur.
Pour finir, redisons que True Grit, le formidable western des Coen est toujours à l’affiche, tout comme de l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, film intimiste de Newman réalisé en 1973, et que l’Enfance de l’Art nous propose Une Vie de Chat, un dessin animé français tout récent et charmant de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol.
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action